Intervention orale de l'ECLJ au Conseil des droits de l'homme de Genève lors d'un dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur le racisme le 20 juin 2017.
Texte de l'intervention :
L’ECLJ remercie le Rapporteur spécial pour son rapport sur les formes contemporaines de racisme, mais regrette précisément qu’une forme contemporaine de racisme n’y soit pas mentionnée : il s’agit du « racisme scientifique » que constitue l’eugénisme.
À l’origine du racisme, se trouve l’idée que certains groupes de personnes valent moins que d’autres en raison de leurs caractéristiques physiques. Avec les avancées scientifiques, certains ont même développé l’idée d’une évolution de l’espèce humaine ayant entrainé l’existence d’individus et de groupes humains moins évolués que d’autres. Ces théories ont généré le racisme et l’eugénisme et l’idée que l’humanité peut être perfectionnée grâce aux progrès de la génétique et par la sélection et l’élimination volontaire des groupes jugés « inférieurs » ainsi que par leur limitation démographique.
Le racisme contemporain trouve sa justification dans l’eugénisme, et il est vain de prétendre combattre l’un sans l’autre. On ne peut pas mépriser une personne, lui refuser le droit de vivre parce qu’elle a un chromosome ou un gène différent et jugé « inférieur ».
L’inhérente et égale dignité de tous les êtres humains doit être défendue, quel que soit leur patrimoine génétique.
Monsieur le Rapporteur, vous ne pouvez pas parler 26 fois des « nazi » dans votre rapport, eux pour qui l’eugénisme et le racisme ne formaient qu’une même idéologie scientiste, sans dénoncer l’eugénisme contemporain qui prend la forme de la manipulation et de la sélection génétique prénatale des êtres humains.
L’ECLJ vous appelle à condamner cet eugénisme, notamment le nouveau test non invasif de dépistage prénatal de la trisomie 21 qui permettra la détection et l’élimination de la majorité des enfants trisomiques : or ces enfants peuvent vivre longtemps et heureux.
Monsieur le Rapporteur, le véritable danger du racisme au XXIme siècle, ce ne sont pas seulement les quelques groupuscules néonazis, c’est l’idéologie eugéniste et la sélection que subissent de nombreux êtres humains à raison de leur patrimoine génétique avec le soutien des États et des techniques modernes.