Lois anti-conversion et persécution des chrétiens en Inde - Événement parallèle aux Nations unies
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Alors que Narendra Modi place l’Inde sous un régime autoritaire guidé par le nationalisme hindou, les chrétiens souffrent de plus en plus des lois anti-conversion et de violences directes. L’ECLJ a publié un rapport et a organisé une conférence au Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 19 mars 2025 afin de dénoncer cette persécution.

En 2024, plus de 160 attaques violentes contre des chrétiens ont été recensées en Inde. Ces agressions vont du saccage d’églises et de réunions de prière à des violences physiques contre les fidèles. Entre janvier et septembre, près de 600 célébrations religieuses ont été perturbées par des extrémistes hindous. Sous l’influence croissante du nationalisme hindou et du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), les violences et les discriminations visant les minorités religieuses s’intensifient.

À cette violence directe s’ajoute un cadre juridique répressif : les lois anti-conversion, dont la première remonte à 1967. Adoptées dans 12 des 28 États de l’Union indienne, ces lois visent essentiellement les chrétiens et les musulmans, ainsi que les hindous souhaitant se convertir. Selon l’idéologie de l’Hindutva (forme radicale du nationalisme hindou), les chrétiens convertiraient de force des hindous ou les attireraient par des avantages matériels. Cette rhétorique nourrit directement les persécutions.

Face à cette situation préoccupante, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) a publié un rapport accablant intitulé « Lois anti-conversion et persécution des chrétiens en Inde ». Dans la continuité de ce travail, nous avons organisé une conférence en marge de la 58e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à Genève, le 19 mars 2025. Cet événement, co-parrainé par l’ONG Christian Solidarity International, a réuni nos collègues CeCe Heil et Shaheryar Gill ainsi que le journaliste indien Vishal Arora. Ensemble, ils ont analysé le contexte politique indien, marqué depuis 2014 par le gouvernement autoritaire de Narendra Modi, et ont exposé les mécanismes juridiques répressifs qui sous-tendent les lois anti-conversion.

La persécution touche également les chrétiens étrangers. Lors de la conférence, nous avons diffusé le témoignage du pasteur américain Bryan Nerren, emprisonné arbitrairement durant sept mois entre 2019 et 2020. L’ECLJ s’était mobilisé en sa faveur.

L’instrumentalisation des lois anti-conversion

Bien que la Constitution indienne garantisse la liberté religieuse, celle-ci est conditionnée au respect de l’ordre public, de la morale, de la santé publique et des autres droits fondamentaux. C’est sur cette base que les lois anti-conversion ont été introduites, prétendant protéger « la liberté religieuse des autres ». Ces lois visent également le prétendu phénomène de « Love Jihad », théorie conspirationniste selon laquelle des musulmans séduiraient des femmes hindoues pour les convertir par le mariage.

Un arsenal liberticide aux effets disproportionnés

Le dispositif législatif repose sur des mesures particulièrement restrictives :

  • Obligation d'obtenir une autorisation préalable auprès des autorités avant toute conversion ;
  • Enquêtes systématiques et intrusives ;
  • Définitions floues des notions de « force » et de « séduction », laissant place à des abus ;
  • Sanctions disproportionnées allant jusqu’à 10 ans de prison ;
  • Renversement de la charge de la preuve, imposant à l’accusé de démontrer que la conversion n’a pas été forcée.

Les condamnations restent rares : à ce jour, on recense moins de cinq cas connus. Mais ce cadre répressif met une cible dans le dos des chrétiens et légitimise et leur ostracisation sociale. Plus de 60 % des plaintes sont déposées par des tiers, non par les personnes prétendument concernées. La Cour suprême indienne n’a toujours pas statué de manière approfondie sur la constitutionnalité de ces lois, laissant perdurer une discrimination légalement encadrée.

Le silence complice de la communauté internationale

Malgré l’ampleur de la persécution, la communauté internationale reste largement silencieuse. L’Inde, souvent qualifiée de « plus grande démocratie du monde », bénéficie de la complaisance de ses partenaires occidentaux, en raison de son poids économique et de son rôle stratégique. Lors de l’Examen Périodique Universel (EPU) de l’Inde en 2022, plusieurs États ont recommandé l’abrogation des lois anti-conversion. Ces recommandations ont été ignorées. Par ailleurs, aucun Rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté de religion ne s’est rendu en Inde depuis 2008, bien que le pays ait officiellement ouvert ses portes aux procédures spéciales depuis 2011.

L’ECLJ appelle l’Union européenne, l’ONU et les gouvernements occidentaux à inscrire la question de la liberté religieuse en Inde à l’agenda diplomatique. Il est impératif d’exiger la fin de la persécution des chrétiens et le respect des droits fondamentaux pour tous les citoyens indiens.

Cet événement a été l'occasion de présenter un nouveau rapport de l'ECLJ sur l'Inde, disponible ici.

Cet événement parallèle s'est déroulé lors de la 58e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme à Genève.

Chapitres :

00:00 Introduction par le Dr Grégor Puppinck, directeur de l'ECLJ
01:40 Cece Heil, avocate, conseillère principale de l'ACLJ
09:40 Témoignage du pasteur Bryan Nerren
16:40 Shaheryar Gill, avocat, conseiller principal de l'ACLJ
27:40 Vishal Arora, journaliste indien
40:03 Questions-réponses

 

 

Pour la défense des Chrétiens persécutés
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