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Islamophobie: le retour du blasphème demandé par le député britannique Tahir Ali

Islamophobie: le retour du blasphème demandé par un député britannique

Par Youssef Ayed1733758314960
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À l’occasion du «Mois de la sensibilisation à l’islamophobie» (Islamophobia Awareness Month, IAM) le député britannique Tahir Ali a appelé le Premier ministre Keir Starmer à criminaliser le blasphème. Cette proposition s’inscrit directement dans le sillage de la résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU de juillet 2023 qui condamnait la «profanation du Saint Coran» avec une déférence effrontée. Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) met en garde contre l’instrumentalisation des droits de l’homme au service de l’islam et le recul des libertés fondamentales, sous couvert de lutte contre l’islamophobie.

Le député travailliste Tahir Ali a soulevé au Parlement britannique le 28 novembre 2024 la question des crimes haineux contre les musulmans, dans le cadre du Mois de sensibilisation à l’islamophobie (Islamophobia Awareness Month, IAM). Depuis la première édition en 2012, cet événement se répète tous les mois de novembre, et est même inscrit sur les calendriers des écoles, des universités, des services de santé du NHS et de la police du Royaume-Uni.

Le député a rappelé qu’en juillet 2023, «le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté une résolution condamnant la profanation des textes religieux, dont le Coran, malgré l’opposition du gouvernement précédent». Expliquant que «des actes de profanation aussi insensés ne servent qu’à alimenter la division et la haine au sein de notre société», Tahir Ali a exhorté le Premier ministre Keir Starmer «à introduire des mesures visant à interdire la profanation de tous les textes religieux et des prophètes des religions abrahamiques».

S’il ne s’est pas engagé à la soutenir, Keir Starmer n’a pas non plus rejeté la proposition de Tahir Ali. «Je suis d’accord avec le fait que la profanation est une chose horrible et qu’elle doit être condamnée par toute la Chambre», a assuré le Premier ministre britannique, rappelant la détermination de son gouvernement Labour à «lutter contre toutes les formes de haine et de division, y compris l’islamophobie, sous toutes ses formes».

Le retour du blasphème pour protéger l’islam: le Royaume-Uni dans les pas du Danemark

Les conservateurs ont, quant à eux, fait part de leurs inquiétudes face à la perspective d’une réintroduction d’une loi criminalisant le blasphème, abrogée au Royaume-Uni en 2008. L’époque de l’affaire Wingrove (1996), où la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait soutenu l’interdiction britannique d’un court-métrage montrant une vision pornographique de sainte Thérèse d’Avila et du Christ crucifié, semble de retour. Mais cette fois, ce serait au nom de l’islam que la liberté d’expression serait limitée, en s’appuyant sur l’argumentation de la Cour, selon laquelle il ne faut pas «heurter et outrager les sentiments religieux des chrétiens et constituer de la sorte le délit de blasphème» en dépassant «la garantie de seuil élevé de profanation incluse dans la définition du délit de blasphème».

Le Danemark, qui possédait une disposition vieille de 334 ans sanctionnant les insultes publiques envers les religions, abrogée en 2017, a déjà franchi le pas. Le Parlement danois a en effet adopté, le 7 décembre 2023, une loi interdisant «le traitement inapproprié d’écrits ayant une importance religieuse significative pour une communauté religieuse reconnue», surnommée «koranlov», loi sur le Coran. Le retour du blasphème au Danemark s’est fait dans le contexte des violences déclenchées par les divers autodafés de Corans en Europe durant l’été 2023, motivant le Conseil des droits de l’homme à affirmer «qu’il est offensant et irrespectueux de brûler délibérément et publiquement le Saint Coran ou tout autre livre saint dans l’intention d’inciter à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence et que cela constitue un acte de provocation manifeste et une manifestation de haine religieuse».

À l’ONU, l’instrumentalisation des droits de l’homme au service de l’islam

Sous la pression des 57 États de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), portée par le Pakistan, le Conseil des droits de l’homme estimait «qu’un tel acte doit être interdit par la loi, conformément aux obligations qui incombent aux États en vertu du droit international des droits de l’homme». Pour défendre la religion islamique et non pas seulement les croyants musulmans, l’OCI a développé depuis la fin des années 1990 les notions d’ « islamophobie » et de diffamation de l’islam. L’autre tactique de l’OCI, validée aujourd’hui par les représentants occidentaux, est d’amalgamer la diffamation de l’islam et le racisme.

En effet, le 1er octobre 2024, en marge de la 57e session du Conseil des droits de l’homme, la Mission permanente des États-Unis à l’ONU organisait une conférence intitulée « Lutte contre l’intolérance, les crimes de haine et l’islamophobie ». L’évènement était sponsorisé par les Missions permanentes de l’Union européenne, du Royaume-Uni, de la Turquie et du Pakistan. Une alliance apparemment improbable, puisqu’habituellement ces mêmes États se répartissent entre deux blocs, l’un libéral, l’autre islamique, et s’opposent sur les questions de blasphème et de liberté d’expression.

La liberté d’expression sacrifiée par la lutte contre l’ «islamophobie»

À présent, les États occidentaux se soumettent à l’OCI en reprenant la terminologie «islamophobie», et érigent d’eux-mêmes les musulmans en victimes, en laissant croire qu’ils sont massivement persécutés en Occident. Près d’un musulman sur deux est confronté à des discriminations dans sa vie quotidienne, assure l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) dans un rapport publié le 24 octobre 2024, intitulé «Être musulman dans l’UE». Cependant, l’ECLJ dénonce la confusion, promue à l’ONU et en Europe, entre la critique légitime de l’islam, en tant que système de croyance, et les attaques contre les musulmans, en tant qu’individus.

Cette confusion alimente une dérive vers des restrictions disproportionnées de la liberté d’expression, qui pourraient servir les intérêts des régimes autoritaires prônant une vision conservatrice de l’islam. Des pays comme le Pakistan, où des accusations de blasphème contre l’islam conduisent régulièrement à des lynchages publics de chrétiens ou à des condamnations à mort arbitraires, cherchent à exporter ces pratiques dans le cadre des institutions internationales.

La criminalisation du blasphème, sous des formes directes ou indirectes, constitue une menace grave pour la liberté d’expression et le débat démocratique. Si la protection des croyants est essentielle, elle ne doit pas s’étendre à la protection des croyances elles-mêmes, notamment au travers de la notion d’islamophobie. La société doit rester un espace où les idées, y compris religieuses, peuvent être discutées, critiquées et même contestées. L’ONU, et à plus forte raison l’Europe, doivent éviter l’instrumentalisation du système des droits de l’homme au profit d’une religion particulière.

La Charia est incompatible avec les droits de l’homme
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