L'interdiction de l'abaya illégitime?
Le 19 septembre dernier, le Secrétaire général des Nations unies, António Gutterres, s’est opposé, implicitement, à l’interdiction de l’abaya à l’école. Pour Nicolas Bauer, chercheur associé à l’ECLJ, l’argumentaire de M. Gutterres présente des erreurs factuelles et témoigne de l’influence des États musulmans à l’ONU.
Tribune publiée dans Le Figaro Vox.
Devant des représentants des États du monde entier, le Secrétaire général des Nations unies (ONU) a fustigé l’interdiction de l’abaya dans les écoles publiques. António Guterres, Portugais, s’est exprimé en français en ciblant implicitement la France. Il a déclaré : « Dans certains pays, les femmes et les filles sont punies parce qu’elles portent trop de vêtements. Dans d’autres, parce qu’elles n’en portent pas assez ».
Guterres aurait pu préciser que la « punition » pour port de l’abaya dans une école française est disciplinaire, après une phase de « dialogue » avec l’élève, alors qu’une femme non voilée dans une rue iranienne s’expose à dix années de prison.
Le plus haut fonctionnaire de l’ONU a terminé son allocution sur l’abaya par un appel à la révolte, au nom des « droits des femmes » : « les filles et les femmes défient le patriarcat et triomphent. Je suis à leurs côtés ».
« La question posée par l’abaya n’est pas celle de la longueur de la robe »
Par ce discours, le Secrétaire général de l’ONU a préféré les formules grandiloquentes à la réalité. Il est factuellement et juridiquement faux d’affirmer qu’en France « les femmes et les filles sont punies parce qu’elles portent trop de vêtements ». Ce n’est le sens ni de la loi de 2004 sur les signes religieux dans les écoles publiques, ni de la récente « note de service » du ministre de l’Éducation nationale sur l’application de cette loi.
Les écolières, les collégiennes et les lycéennes peuvent tout à fait porter des jupes ou des robes longues. La vertu de pudeur peut être exercée librement, par les modes vestimentaires existant en Europe depuis des siècles. Les jeunes filles françaises n’ont pas attendu l’importation de l’abaya pour préserver leur corps et leurs formes.
Il n’est pas non plus question de sanctionner une femme qui porterait « trop de vêtements ». La loi n’interdit pas de porter des pulls en laine ou un bonnet dans la cour de récréation.
La question posée par l’abaya n’est pas celle de la longueur de la robe ou de la quantité de vêtements. C’est celle de l’instrumentalisation d’une mode arabe pour promouvoir l’islam au sein des écoles publiques. Le choix vestimentaire de l’abaya est devenu, depuis un peu plus d’un an, une provocation culturelle et religieuse.
C’est à ce phénomène que le gouvernement a voulu répondre en interdisant l’abaya en milieu scolaire. Cette décision n’a rien à voir avec le « patriarcat » que le Secrétaire général de l’ONU appelle à « défier ». Il s’agit de mettre un frein à l’islamisation des écoles françaises.
Les thèses islamistes reprises par les instances des Nations unies
D’autres représentants ou instances de l’ONU avaient déjà critiqué la France pour ses restrictions en matière de vêtements religieux. Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a classé ces restrictions parmi ses « principaux sujets de préoccupation et recommandations ». Il a aussi donné raison à des femmes portant le niqab dans l’espace public et contestant la loi de 2010 interdisant la dissimulation du visage.
Les experts de l’ONU, qui collectent leurs propres fonds, reçoivent de plus en plus d’argent d’origine islamique, notamment du Qatar. Ces financements dits « extrabudgétaires » influencent le travail de ces experts, comme l’a montré le rapport de l’ECLJ sur « Le financement des experts de l’ONU » (2021).
L’expert mandaté par l’ONU pour promouvoir la liberté de religion, Ahmed Shaheed, avait considéré que les lois françaises sur les vêtements religieux étaient « islamophobes ». Son rapport sur le sujet, intitulé « Combattre l’islamophobie » (2021), reprenait à son compte le Programme d’action de la puissante Organisation de la coopération islamique (OCI). M. Shaheed est d’ailleurs l’un des rares experts de l’ONU à refuser de déclarer l’origine de ses financements.
L’OCI, qui regroupe 57 États musulmans, a encore obtenu une victoire politique à l’ONU en juillet 2023. Alors qu’un réfugié irakien avait brûlé un Coran en Suède, l’OCI a proposé la tenue d’un débat d’urgence sur « la profanation récurrente du Saint Coran ». Ce débat a abouti au vote d’une résolution du Conseil des droits de l’homme appelant à la sanction de la « profanation du Saint Coran », soit l’équivalent d’un délit de blasphème contre l’islam.
Antonio Gutterres n’est donc pas le premier représentant de l’ONU à relayer la propagande islamiste. Mais en incitant les jeunes filles à résister à l’interdiction de l’abaya, il monte d’un cran. Le gouvernement a le devoir de réagir publiquement à cette attaque.
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