Une convertie persécutée en France
Plusieurs attentats terroristes islamistes ont été perpétrés sur le sol français ces dernières années. Derrière ces événements aussi ponctuels que violents se cache d’autres actes également dramatiques pour de très nombreux français. De plus faible intensité, mais plus fréquents, des incivilités et actes de violence fondés sur l’islam sont une réalité quotidienne. Les dégradations d’églises et de cimetières mais aussi les agressions, le harcèlement et les insultes de la part de musulmans radicaux sont bien plus fréquents et moins souvent mis en lumière. Ils sont pourtant bien plus nombreux, réguliers et nuisent à la vie de centaines de milliers de Français. Face à cela, la majorité restreint d’elle-même sa liberté d’aller et venir. Beaucoup subissent ces violences pour un temps et finissent par quitter ces lieux de violence communautaire, principalement les banlieues des grandes villes françaises. D’autres aimeraient également partir, mais ne peuvent le faire pour des raisons économiques.
Entre autres situations, c’est le cas de Mme M.[i], Française, résidant en Ile-de-France et persécutée depuis des années en raison de sa foi chrétienne par un voisin musulman radical. Le Centre européen pour le droit et la justice a eu accès au dossier des plaintes déposées par cette dame depuis 2017. Il en ressort qu’elle subit de la part d’un couple de voisins de son immeuble : des cris et hurlements, menaces, menaces de mort, injures, crachats, porte forcée, dégradations de sa boîte aux lettres et d’autres biens, sonneries répétées et harcèlement de rue.
La persécution de Mme M. a un motif religieux établi. Comme elle, son voisin est d’origine marocaine, mais il est cependant musulman alors qu’elle a quitté l’islam pour se convertir au christianisme. Selon l’interprétation traditionnelle du Coran et dans la majorité des pays musulmans, la conversion d’un musulman ou son « apostasie » est punie pénalement, parfois même de la peine de mort. Ce motif de persécution religieuse a été formulé clairement à la victime par le voisin ainsi que par les formes de persécution qu’il exerce envers elle : des actes de mépris, des insultes comme « traîtresse » et « mécréante », mais aussi des chants coraniques joués à plein volume au milieu de la nuit. Cette dame et son voisin n’ont jamais discuté ensemble et n’ont pas d’autres motifs de conflits. Cette dame habite depuis 20 ans dans cet immeuble HLM, et préalablement à la venue de ce voisin musulman radical il y a cinq ans, elle n’avait aucun problème particulier avec quelque autre voisin. Les troubles ont commencé dès que son voisin apprit qu’elle n’était pas musulmane mais de confession chrétienne.
En cinq ans, Mme M. s’est rendue à plus de 15 reprises au commissariat de police pour porter plainte ou déposer des mains courantes. En 2017 par exemple, sa porte est recouverte de jaunes d’œufs et les coquilles cassées traînent par terre. Quelques mois plus tard, sa porte est abîmée et ouverte au pied de biche. Quelques temps encore après, son voisin la suit au pas en camionnette dans l’allée privée qui mène à son immeuble, en s’arrêtant derrière elle lorsqu’elle s’arrête et en redémarrant lorsqu’elle reprend sa marche. Elle apprend aussi que ce voisin qui la persécute se renseigne auprès d’autres voisins pour obtenir des renseignements personnels : où travaille-t-elle ? Où va-t-elle au culte ? Quels sont ses horaires de travail ? etc.
L’ECLJ a également pu consulter plusieurs photos prises par cette dame de sa porte d’entrée forcée, de sa boîte aux lettres ouverte et taguée, ainsi que de son câblage téléphonique dans la cage d’escalier arraché. Des dégradations graves apparaissent de manière flagrante et témoignent de la détermination malsaine de ce voisin radical.
Mme M. vit dans la peur de l’agression et malgré ses plaintes répétées, ce n’est qu’en 2019 que ce voisin fut convoqué au commissariat pour être finalement simplement « auditionné ». Il la menaça de mort quelques jours après.
Les amies de cette dame ne lui rendent plus visite dans son appartement dès lors qu’elles ont presque toutes été témoins de l’agressivité du voisin. Une de ses amies a été agressée et giflée par ce voisin. Alors qu’elle venait lui rendre visite, ce monsieur l’intercepta dans les escaliers pour obtenir le numéro de téléphone de Mme M., lui intima l’ordre de partir avant de la frapper au visage tout en reprochant à Mme M. « d’aller à l’église ».
Comme d’autres personnes vivant dans la peur de l’agression, elle porte à présent des lunettes avec caméra dès qu’elle sort de chez elle, tant pour se rassurer que pour prouver une éventuelle agression sur sa personne. Elle vit dans une angoisse évidente et dans une solitude renforcée. Par suite des violentes attaques de son voisin contre sa porte et de sa capacité à l’ouvrir en la forçant, plus aucun ami ne lui rend visite chez elle.
Tout aussi préoccupant et grave est le développement d’attitudes communautaristes dans les services publics, notamment des forces de l’ordre. Comme Mme M. a très souvent porté plainte, elle a pu constater une différence de traitement selon l’origine ethnique et religieuse des policiers enregistrant ses plaintes. Lorsqu’elle fit part de sa religion chrétienne et de ses origines marocaines à l’un de ces agents, celui-ci s’est exclamé : « Chrétienne marocaine, ça existe ça ?! », avant de chercher devant elle sur internet la réponse à sa question. Ainsi, Mme M. a l’impression que lorsque ses plaintes furent enregistrées par des policiers d’origine Nord-africaine, celles-ci furent classées sans suite ; tandis que lorsqu’un policier d’origine française enregistra une plainte ultérieure, celui-ci mis plus de diligence et convoqua au moins effectivement le voisin accusé.
Face à l’absence de réaction suffisante des forces de l’ordre ainsi que l’absence de réaction du bailleur, Mme M. est contrainte de chercher à déménager. Ce sont cependant les difficultés financières qui la freinent car elle n’a pas de CDI. Une demande de relogement social auprès de la mairie est en cours, mais les délais de traitement sont longs.
Cette situation dramatique dans laquelle se trouve Mme M., persécutée en raison de sa religion par un voisin qui ne craint pas la police et qui ne peut quitter les lieux pour des raisons économiques, appelle à agir. Cette dame est loin d’être la seule à subir ce genre de persécution pour motif religieux en France. Cette persécution a fait l’objet d’un rapport de l’ECLJ : « La persécution des chrétiens ex-musulmans en France » (ECLJ, mars 2021), ainsi que d’une vidéo de témoignages. La lutte contre l’islamisme doit prendre plusieurs formes, car sa violence est elle-même pluri-forme. Il y a la radicalisation, le recrutement, le passage à l’acte terroriste, mais aussi la lutte contre les principes, le communautarisme, le harcèlement et les incivilités qui en découlent. Une nouvelle loi qui conforte le respect des principes républicains peut avoir un intérêt pour des infractions spécifiques nouvelles, mais à ce stade, il importe surtout d’appliquer le droit qui existe déjà.
[i] Nom modifié.