Entre un rassemblement inédit à Paris en soutien aux chrétiens persécutés et l’appel de 86 sénateurs à protéger les chrétiens en France « comme tous les autres croyants », la réalité de la haine antichrétienne ne peut plus être ignorée. En première ligne, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) combat ce phénomène à l’échelle européenne et se mobilise de Paris jusqu’aux Nations unies à Genève.
Plus de 1 500 personnes se sont rassemblées à Paris le dimanche 28 septembre 2025 pour affirmer leur soutien aux chrétiens persécutés en France et dans le monde. L’initiative, inédite, venait de deux jeunes influenceurs chrétiens, l’un catholique romain et l’autre copte orthodoxe. Elle visait à rendre hommage à Ashur, chrétien irakien sauvagement assassiné à Lyon, en plein direct sur TikTok alors qu’il témoignait de sa foi. Paralysé depuis l’enfance et en fauteuil roulant, il avait fui l’Irak en 2014, menacé comme tant d’autres chrétiens par l’État islamique.
Cette mobilisation, soutenue par le Pasteur Saïd Oujibou, chrétien converti de l’islam, et par le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), interroge sur l’absence de réaction ferme face à la persécution de 380 millions de chrétiens dans 72 pays. Une alerte relayée à l’ONU le 29 septembre 2025 par Mgr Paul Richard Gallagher, chef de la diplomatie du Saint-Siège : « Les données montrent que les chrétiens sont le groupe religieux le plus persécuté au niveau mondial, et pourtant, la communauté internationale semble détourner le regard face à leur situation. » Une persécution qui touche désormais des terres historiquement chrétiennes comme la France ?
Dans son intervention au rassemblement, l’ECLJ a demandé aux autorités françaises et européennes de reconnaître la haine antichrétienne en Europe et d’assurer une protection spécifique pour les chrétiens. Quant aux fidèles eux-mêmes, victimes ou témoins de crimes antichrétiens, ils ont été invités à se manifester auprès des autorités ecclésiastiques, des forces de l’ordre et de la société civile. « Chacun doit prendre sa part dans le recensement des crimes antichrétiens : sinon, les autorités ne pourront jamais prendre la mesure du phénomène ni y répondre correctement. »
Incendies d’églises, dégradations, attaques contre des personnes, vols d’objets liturgiques : les crimes antichrétiens progressent rapidement dans une forme d’indifférence qui contraste avec l’attention portée aux atteintes aux fidèles d’autres religions. « Une indignation à géométrie variable » que dénoncent 86 sénateurs français dans une tribune demandant à la République de protéger les chrétiens « comme tous les autres croyants ». Ils soulignent que « les chrétiens de France se sentent trop souvent abandonnés » et appellent « solennellement le gouvernement à agir sans délai ».
Parallèlement, la décision de la SNCF et de la RATP d’interdire une campagne d’affichage pour le film Sacré-Cœur, jugée trop « confessionnelle et prosélyte » et « incompatible avec le principe de neutralité du service public », a illustré une nouvelle fois la mise à l’écart du christianisme dans l’espace public. Une situation d’autant plus paradoxale que, dans le même temps, l’Eurométropole de Strasbourg diffusait une campagne publicitaire à l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées mettant en avant l’image d’une femme voilée.
Dans ce contexte, l’ECLJ a remis le 30 septembre 2025 au Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme une contribution officielle sur la situation des chrétiens en Europe, victimes croissantes d’intolérance, de stéréotypes négatifs, de stigmatisation, de discrimination, d’incitation à la violence et de violences. L’ECLJ y a rappelé que les violences visibles et parfois sanglantes contre les chrétiens doivent être replacées dans le cadre de ce que le pape François appelait la « persécution polie », « déguisée en culture, modernité et progrès ».
Le révisionnisme antichrétien, porté par les militants laïcistes et l’extrême-gauche, ne s’attaque pas seulement aux symboles chrétiens dans l’espace public : il remet en cause toutes les libertés fondamentales. Prier en public, même seul, debout et en silence, est interdit, l’objection de conscience face à l’avortement ou à l’euthanasie est bafouée, les parents ne peuvent plus protéger leurs enfants d’un programme d’éducation à la sexualité qui fait du consentement et du désir les seuls axiomes de moralité à respecter.
Dans le monde universitaire et professionnel, exprimer une conviction chrétienne sur l’islam, l’avortement, le mariage, ou la sexualité expose souvent à la moquerie, à l’exclusion, au risque disciplinaire, voire aux poursuites judiciaires. Ces pressions, moins visibles que les violences physiques, installent un climat d’autocensure parmi les chrétiens. Ce glissement progressif traduit une volonté d’effacer le christianisme comme référence légitime dans la vie publique européenne, criminalisant toute expression qui s’en réclame, alors même qu’il constitue la matrice civilisationnelle de l’Europe.
Face à la montée de la haine antichrétienne en Europe, l’ECLJ a pris l’initiative d’une coordination regroupant une dizaine d’ONG nationales et européennes afin de partager nos expériences et de renforcer l’efficacité de nos plaidoyers. Cette mobilisation collective poursuit un objectif clair : que la protection des chrétiens soit pleinement intégrée dans les priorités des États et de l’Union européenne, au même titre que celle déjà mise en place pour les musulmans et les juifs. L’ECLJ contribue ainsi activement aux travaux de l’Intergroupe du Parlement européen sur la liberté de religion ou de conviction, où il porte la voix de communautés chrétiennes trop souvent marginalisées dans les débats institutionnels.