L’Anatolie, avant d’être occupée par la République de Turquie fut autrefois le cœur de l’Empire romain d’orient puis de l’Empire byzantin et enfin de l’Empire ottoman. Pour comprendre la situation actuelle de l’Église catholique en Turquie et de sa relation avec le Patriarcat Oecuménique de Constantinople, il faut faire un détour par l’histoire de ce que furent les deux moitiés d’un même Empire romain et d’une même Église.
Abstract : Les relations particulières entre l’Église catholique et l’Anatolie trouvent leur explication dans l’histoire commune et mouvementée de ces deux entités. Rome et Constantinople furent deux capitales de l’Empire romain, et si l’Église catholique a affermi son autorité depuis la tombe de Pierre, l’Anatolie s’est peu à peu éloignée de Rome. Les guerres, les querelles religieuses et les invasions ont engendré une relation difficile et instable. Des efforts ont néanmoins été réalisés pour rétablir une union plus étroite avec les confessions orthodoxes, mais aucune tentative n’a réussi de manière définitive à guérir les clivages. Les relations entre la Rome catholique et l’Anatolie, aujourd’hui la Turquie, ont eu et continuent d’avoir une importance internationale indéniable en raison de la position géographique et de la puissance de l’Anatolie. Cet état de relation a également entrainé de nombreuses souffrances pour les catholiques sur ces terres, ces derniers étant toujours soumis au pouvoir local, sans jamais pouvoir vraiment « faire appel au Pape ». Au-delà de la situation des chrétiens et des catholiques en Anatolie, les relations entre Rome et l’Anatolie déterminent aujourd’hui encore largement le rapport entre la Turquie et l’Europe. Le processus politique de réislamisation de la Turquie et son discours néo-ottoman actuels tend à redonner une importance fondamentale à la dimension religieuse de la relation entre la Turquie et l’Europe.
18 mai 2016.