Persécutions des chrétiens : 7 pays sous l’œil de l’ONUGradient Overlay
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Persécutions des chrétiens : 7 pays sous l’œil de l’ONU

Persécutions des chrétiens: 7 pays sous l’œil de l’ONU

Par ECLJ1715616000000
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L’ECLJ a présenté 14 rapports aux Nations unies à l’occasion de la 47e session des Examens périodiques universels (EPU ou UPR pour Universal Periodic Review). L’EPU est un mécanisme peu connu mais fonctionnel et intéressant : tous les États partis à l’ONU doivent justifier de leur respect des droits de l’homme en présentant un rapport, tous les quatre ans. En réponse, tous les autres États et ONG accréditées peuvent émettre des observations, des critiques ou pointer des mensonges dans ce qu’affirment les États examinés.

C’est tout l’objet des rapports que l’ECLJ a récemment soumis avec comme objectif spécifique d’identifier des violations de la liberté religieuse et des actes de persécution contre les chrétiens dans sept des 14 pays faisant cette fois-ci l’objet d’un examen. Hormis le Bhoutan et le Brunei, les autres pays étudiés, le Nicaragua, le Qatar, la Côte-d’Ivoire, la Corée du Nord et la République démocratique du Congo sont parties au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Son article 18 indique que «toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion» et «Nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à sa liberté d’avoir ou d’adopter une religion ou une conviction de son choix». L’article 27 ajoute une protection pour les droits des minorités.

La plupart des pays observés par l’ECLJ ont une responsabilité directe dans la violation de la liberté religieuse, en raison de leurs lois et pratiques restrictives. Toutefois, les États ne sont pas les seuls responsables de ces persécutions. Les groupes armés indépendants, les communautés religieuses non-chrétiennes ou encore les familles de nouveaux convertis sont également source de nombreuses persécutions.

 

Obstacles juridiques à la pratique de la religion chrétienne

Au Bhoutan, les chrétiens et les églises ne sont pas reconnus légalement. Les fidèles se cachent du public et parfois même de leur famille, pour pratiquer leur foi et achètent, par exemple, leurs bibles en secret. En 2022, le Gouvernement a enregistré 139 organisations religieuses dont 137 bouddhistes, deux hindoues mais aucune chrétienne. Par ailleurs, le port de signes religieux chrétiens est strictement interdit. Ainsi, en 2019, un dirigeant d’une église clandestine a été condamné à 13 ans de prison pour avoir porté un signe distinctif dans la rue. En avril 2023, le Gouvernement a pris de nouvelles mesures pour restreindre davantage les libertés des chrétiens telle que l’obligation pour les autorités locales d’interdire tout rassemblement religieux ou activité qui ne serait pas conforme aux traditions bhoutanaises.

En Corée du Nord, si la Constitution garantit la liberté de religion, la loi sur le rejet de l’idéologie et de la culture réactionnaires de la République populaire démocratique de Corée condamne toute personne qui posséderait des livres ou écouterait la radio provenant de pays hostiles. L’accès à l’emploi, à l’éducation et à la nourriture leur sont restreint. Les chrétiens ne peuvent pas se réunir pour pratiquer leur foi, même chez eux, sous peine d’être envoyés en camp de travail ou tués. Chaque chrétien arrêté est traité comme un prisonnier politique et transféré dans des camps de travaux forcés surpeuplés, appelés « Kwan-li-so », c’est-à-dire « zone de contrôle totale ». Il travaillera plus de 16 heures par jours, sans nourriture. Les enfants prisonniers travaillent eux jusqu’à 12 heures ; et personne ne ressort de ces camps. En 2022, on estime que 70.000 chrétiens ont été emprisonnés en raison de leur foi (17,5% de la population chrétienne du pays). Parmi les chrétiens emprisonnés, une fille de deux ans a été condamnée à vie parce que ses parents possédaient une bible. Lorsqu’ils ne sont pas emprisonnés, les chrétiens sont exécutés. En avril 2022, plusieurs chrétiens découverts dans une église souterraine ont été tués sur place.

Au Nicaragua, l’Église catholique est perçue comme un «agent déstabilisateur». Depuis 2018, la répression gouvernementale a donné lieu à plus de 500 attaques contre l’Église (séquestration à domicile, emprisonnement de prêtres et d’évêques, confiscations de biens ecclésiastiques, encerclement des églises pour empêcher les offices, etc.). Les prêtres, considérés comme des traitres à la patrie, des «tueurs» ou encore des «putschistes», limitent leurs activités et censurent leurs sermons par crainte d’être accusés de «désobéissance civile». En 2022, l’archevêque Waldemar Stanislaw Sommertag, nonce du pape, a été expulsé du pays et l’évêque Mgr Alvarez a été condamné à 26 ans de prison, sans procès. Le statut juridique des Missionnaires de la charité et des jésuites à été révoqué et l’Université jésuite d’Amérique centrale au Nicaragua a été fermé. Les comptes bancaires de plusieurs diocèses ont été bloqués «pour activité illégale dans la gestion de fonds».

La Constitution du Brunei reconnaît l’islam en tant que religion officielle, précisant que toutes les religions peuvent vivre en harmonie. Pourtant, le Gouvernement persécute les chrétiens et ne cesse d’adopter de nouvelles mesures législatives pour restreindre leurs droits. Une ordonnance de 2013 entrée en vigueur le 3 avril 2019 relative au code pénal de la charia prévoit des peines sévères pour les non-musulmans qui cherchent à pratiquer leur foi. Les célébrations chrétiennes, l’exposition publique de décorations religieuses et l’importation de bibles sont interdites. La police s’introduit dans les maisons cachant des réunions de prière afin d’empêcher les chrétiens de pratiquer. Les églises sont enregistrées en tant qu’entreprises laïques. Une loi sur le blasphème pénalise la remise en cause des enseignements de l’islam.

 

Interdiction du prosélytisme

Au Qatar, la religion officielle est l’islam. Le prosélytisme, qui consiste au partage d’une religion autre que l’islam, est interdit. Les chrétiens ne sont pas autorisés à porter des signes religieux en public telles que des croix. Les prêtes n’ont pas le droit de marier des non-chrétiens, de les évangéliser ni de baptiser des descendants de non-chrétiens. L’apostasie est illégale et passible de la peine de mort, bien qu’aucune exécution n’ait été enregistrée depuis 1971. Le fait de quitter l’islam entraîne une perte de statut légal et cause des difficultés aux chrétiens pour les actes de la vie courante. Au Bhoutan, le bouddhisme est inscrit dans la Constitution en tant qu’héritage spirituel du pays et toute autre forme de religion que le bouddhisme est interdite. Par conséquent, les chrétiens ne peuvent pas posséder d’églises, mener des activités religieuses en public ou parler de leur foi sans être accusés de prosélytisme.

Parce qu’ils sont classés dans la catégorie de la population « hostile », selon le système Songbun, les chrétiens de Corée sont considérés comme mauvais et n’ont pas le droit de parler de leur religion. Le Gouvernement mène des campagnes de propagandes contre les chrétiens et incite les enfants à dénoncer leurs parents à leur professeur s’ils sont chrétiens. Au Brunei, les musulmans convertis au christianisme se voit retirer leurs enfants et sont obligés de suivre des programmes de réhabilitation à l’islam.

 

Persécutions par des groupes armés indépendants de l’État

En République démocratique du Congo, les chrétiens sont largement persécutés, non pas par l’État, mais par un groupe de forces armées illégales, connu sous le nom de Forces Alliées démocratiques (FAD), allié à l’ISIS. En 2021, le FAD a recouru à des assassinats impitoyables, des enlèvements et des viols contre les chrétiens, principalement à l’Est du Congo et tué 1300 civils. Selon le directeur régional de l’Association pour l’éducation théologique chrétienne en Afrique, les chrétiens sont massacrés «comme des animaux». Entre 2020 et 2024, tous les faits graves commis contre les chrétiens provenaient de la FAD. Ils attaquent les églises pour assassiner les chrétiens s’y trouvant, dont les pasteurs, femmes et enfants. Les villages sont également ciblés par la FAD qui brûle les centres de soins, forcent les civils à se déplacer et tuent ou découpent à la machette les villageois qui ne se convertissent pas à l’islam devant eux. Heureusement, le Gouvernement tente de limiter les persécutions commises par la FAD. En 2023, il a procédé à 702 arrestations et 1000 exécutions des membres de la FAD et mené plusieurs autres actions contre ce groupe.

En Côte d’Ivoire, les persécutions visibles contre les chrétiens proviennent non pas de groupes armés mais de familles ou de communautés religieuses. Pour la plupart il s’agit de famille de musulmans, dont un des membres s’est converti au christianisme et pour lequel les parents se sont opposés au baptême. Les convertis sont donc souvent victimes d’ostracisme social, soit parce qu’ils partagent leur foi, soit parce qu’ils refusent d’y renoncer.

Par Jeanne Roger

Pour la défense des Chrétiens persécutés
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