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Maroc : L’appel de la communauté chrétienne au roi Mohamad VI pour la liberté de culte et de conscience

L’appel des chrétiens au roi marocain

Par ECLJ1618394400000
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Comptant 37 344 787 habitants en 2021, le Royaume du Maroc est un pays dont la population est officiellement à 99 % musulmane. L’article 3 de la Constitution marocaine de 2011 dispose par ailleurs que « l’islam est la religion de l’État, qui garantit à tous le libre exercice des cultes[1]. »

Deux communautés chrétiennes existent cependant au Maroc, à savoir les étrangers qui vivent et travaillent sur le territoire, et les Marocains qui se sont convertis de l’islam au christianisme. Les chrétiens sont étrangers dans leur grande majorité, et l’Église catholique romaine y revendique environ 30 000 fidèles (notamment Espagnols, Français, Italiens et Maltais). À l’heure actuelle il est impossible de connaître précisément le nombre de citoyens marocains qui se sont convertis au christianisme, mais selon diverses estimations, ils seraient plusieurs milliers pratiquant leur foi dans des « églises maison », de courant pentecôtiste, évangélique ou charismatique. L’Observatoire des libertés religieuses avance le nombre de 8 000 convertis[2].

Le Maroc est signataire de nombreux traités internationaux par lesquels il s’engage notamment au respect de la liberté de pensée, de conscience et de religion. Il est un État partie au Pacte International relatif aux droits civils et politiques depuis 1979, sans avoir émis de réserve sur le texte, bien qu’il n’ait pas encore signé le Protocole Optionnel qui reconnaitrait la compétence du Comité des droits de l’homme pour juger des violations au Pacte. Le Maroc s’est donc obligé à appliquer les articles 18 et 27 qui protègent la liberté de religion et les droits des minorités religieuses. Les textes garantissent par ailleurs que « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion » et que ce droit implique également « la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu'en privé, par le culte et l'accomplissement des rites, les pratiques et l'enseignement. » De plus, le Pacte précise que « nul ne subira de contrainte pouvant porter atteinte à sa liberté d'avoir ou d'adopter une religion ou une conviction de son choix. »

L’Alliance internationale pour la liberté religieuse[3], dont le Maroc est désormais membre, s’engage également à protéger les minorités religieuses et rappelle que « les membres s'engagent à respecter leurs obligations étatiques en vertu du droit international en général et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques en particulier en ce qui concerne la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de croyance. »

Cependant, dans les faits, les textes nationaux ne respectent pas ces traités et aujourd’hui, les chrétiens marocains issus de l’islam perdent de nombreux droits, et subissent une discrimination que les chrétiens non nationaux ne subissent pas. Au Maroc, le christianisme est perçu comme une religion étrangère, bien qu’il fût présent sur ce territoire avant l’islam. En effet, le 30 mars 2019 lors du discours d’accueil officiel du Pape François, qui effectuait une visite officielle de deux jours à la demande du roi, Mohammed VI a déclaré[4] :

« Nous, Roi du Maroc, Amir Al Mouminine, Nous Nous portons Garant du libre exercice des cultes. Nous sommes le Commandeur de tous les croyants.

En tant que Commandeur des Croyants, Je ne peux parler de Terre d’Islam, comme si n’y vivaient que des musulmans. Je veille, effectivement, au libre exercice des religions du Livre et Je le garantis. Je protège les juifs marocains et les chrétiens d’autres pays qui vivent au Maroc. »

Dans cette déclaration, le Roi du Maroc exclut de sa protection les chrétiens marocains.

La Constitution marocaine de 2011 reconnaît la liberté de culte, mais ni le texte ni le roi n’admettent l’existence de chrétiens marocains. En outre, dans la Section II concernant les infractions relatives à l’exercice des cultes du Code pénal, l’article 220 punit le prosélytisme autre que musulman et énonce à cet effet :

« Quiconque, par des violences ou des menaces, a contraint ou empêché une ou plusieurs personnes d'exercer un culte, ou d’assister à l’exercice de ce culte, est puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 200 à 500 dirhams[5]. Est puni de la même peine, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion ».

Aujourd’hui, les chrétiens marocains ne veulent plus vivre cachés. L’association des Chrétiens du Maroc appelle le roi Mohammed VI à réduire les différences culturelles et à autoriser les chrétiens à vivre pleinement et librement leur croyance religieuse. Au travers de cet appel, ces chrétiens souhaitent que le gouvernement reconnaisse officiellement l’existence de diverses fois au Maroc, et que la loi garantisse leurs droits, parmi lesquels figurent la liberté du culte public, le droit au mariage ecclésial ou civil, ainsi que l’éducation des enfants et les rites funéraires chrétiens. Les lois criminalisant les activités d’évangélisation devraient être abolies, ainsi que celles ne permettant pas aux chrétiens de se rassembler librement. La communauté chrétienne désire ainsi mettre fin à toute intervention oppressante ou illégale de la part de la société et des autorités publiques.

La situation des chrétiens au Maroc s’est par ailleurs dégradée ces dernières années. C’est ce que démontre l’Index mondial de persécution des chrétiens établi par l’ONG Portes Ouvertes : le Maroc occupe actuellement la 27e place[6], alors qu’il était 35e dans le classement des pays où les chrétiens souffrent le plus en raison de leur foi en 2019[7]. Les pressions islamistes avaient déjà empêché des possibilités d’évolution de la loi lors de l’adoption de la nouvelle Constitution. Étant considéré comme un État moderne, progressiste et tolérant parmi ses voisins, la situation des chrétiens marocains reste plus que difficile et ces zones d’ombres qui persistent au sein de la société ternissent l’image du Maroc.

En mars 2021, l’ECLJ a rendu public le témoignage d’un marocain réfugié en France après sa conversion au catholicisme, dans l’émission Le droit en débat.

En avril 2021, l’ECLJ a publié une mise à jour de sa « fiche pays » sur l’état de la liberté religieuse au Maroc.

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[1] https://www.maroc.ma/fr/system/files/documents_page/BO_5964BIS_Fr.pdf

[2] https://www.lepoint.fr/afrique/maroc-la-ou-une-petite-communaute-chretienne-reprend-son-souffle-28-03-2019-2304518_3826.php

[3] L'Alliance est fondée sur le principe international de la liberté de religion ou de conviction, tiré entre autres de la Déclaration universelle des droits de l'homme, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (ICCPR), de la Déclaration des Nations unies de 1981 sur l'élimination de toutes les formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction (Déclaration des Nations unies de 1981).

[4] https://www.diplomatie.ma/index.php/fr/discours-de-sa-majest%C3%A9-le-roi-adress%C3%A9-%C3%A0-loccasion-de-la-visite-de-sa-saintet%C3%A9-le-pape-fran%C3%A7ois-au-maroc

[5] 19 à 47 euros.

[6] https://www.portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens/profils-pays/maroc/  

[7] https://i2.wp.com/www.chretiens.info/chretien/2019/01/index-mondial-de-pers%C3%A9cution-des-chr%C3%A9tiens-2019.png?resize=1024%2C725&ssl=1

Pour la défense des Chrétiens persécutés
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