L'ECLJ agit à l'ONU pour les Amharas
En Éthiopie, le peuple Amhara, une ethnie majoritairement chrétienne orthodoxe, fait l'objet d'une persécution violente et systématique depuis des décennies. La situation s'est récemment aggravée et le Gouvernement a déclaré l'état d'urgence. Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), grâce à son statut consultatif auprès des Nations unies, a donc soumis une déclaration écrite au Conseil des droits de l'homme des Nations unies afin de dénoncer les violations graves des droits de l'homme commises à l'encontre de ce peuple (disponible ici en anglais uniquement).
Le peuple amhara est victime de persécutions et de massacres systématiques depuis 1991. Divers groupes, dont le Front de libération du peuple du Tigré, l'Armée de libération de l'Oromo et le "Parti de la prospérité", actuellement au pouvoir, ont été accusés de ces crimes. Le sentiment anti-Amhara qui prévaut est étroitement lié à une aversion pour la foi orthodoxe, la plupart des Amharas étant des chrétiens orthodoxes.
Les violations des droits de l'homme s'échelonnent entre des déplacements forcés et des arrestations massives jusqu'à des massacres systématiques et de véritables nettoyages ethniques. Par exemple, le 18 juin 2022, la communauté amhara de Wollega, dans la région d'Oromia en Éthiopie, a été brutalement massacrée dans ce que l'on appelle aujourd'hui "le massacre de Gimbi." Le nombre des victimes se situe entre 400 et 500 personnes. Le modus operandi fut d'une extrême cruauté : certains individus furent brulés vifs et des femmes enceintes furent mutilées et avortées de force.
Notre déclaration écrite soumise à l'ONU contient des détails plus explicites sur les violences perpétrées et illustre la motivation religieuse de cette persécution, associée à un racisme flagrant. Les forces gouvernementales se sont abstenues d'intervenir lors de ce massacre (et dans bien d'autres depuis), invoquant des "contraintes logistiques", ce qui pose question quant à leur complicité ou leur négligence.
Malheureusement, le massacre de Gimbi n'est pas un événement isolé ; il s'inscrit plutôt dans un continuum d'assassinats ciblés contre le peuple Amhara qui ont eu lieu au cours des dernières années. D'autres massacres marquants ont visé cette communauté, notamment le massacre de Burayu en 2018, le massacre de Shashamane en 2020 et de multiples incidents similaires survenus entre 2020 et 2022.
Le Gouvernement éthiopien a déclaré l'état d'urgence le 4 août 2023, en raison de la détérioration de la situation dans la région Amhara. Cependant, comme nous l'avons expliqué en détail dans notre déclaration, le Gouvernement ne vient pas réellement en aide au peuple Amhara :
Rien qu'en mai 2023, le gouvernement aurait détenu plus de 4 500 personnes de l'ethnie Amhara. Ce nombre a augmenté après la déclaration de l'état d'urgence le 4 août 2023, beaucoup affirmant qu'environ 14 000 amharas ont été appréhendés depuis. Beaucoup de ces détenus se retrouvent dans des centres de détention improvisés, les écoles étant réaffectées à cela. Des mères ont été vues assises sous le porche de l'école secondaire Dejazmach Wondirad à Addis-Abeba, où de nombreux membres du groupe ethnique Amhara ont été détenus. Espérant anxieusement la libération de son fils, une témoin a déclaré: "Cela fait onze jours qu'ils l'ont emmené. . . Il n'a rien fait de mal."
Des rapports font également état de l'utilisation de drones contre des civils et d'exécutions sommaires extrajudiciaires. Le dimanche 13 août 2023, une attaque de drone a eu lieu dans le centre-ville de Finote Selam dans la région d'Amhara, tuant au moins 26 civils et en blessant 55 autres.
La Commission internationale d'experts des droits de l'homme sur l'Éthiopie, qui a été mise en place par le Conseil des droits de l'homme (CDH), présentera son rapport lors de la 54e session du CDH en septembre à Genève. La déclaration écrite de l'ECLJ atteste devant la Commission que de graves violations des droits de l'homme et des infractions sont commises dans ce pays. La Commission se doit de mener une enquête approfondie sur ces actions abominables afin d'établir la responsabilité du Gouvernement éthiopien et d'autres acteurs armés dans tout ce qui arrive à la communauté amhara.
Cette déclaration est un appel à l'action internationale. La situation des droits de l'homme en Éthiopie exige une attention immédiate et accrue de la part de la communauté internationale. L'absence d'action entraînera de nouvelles atrocités et une aggravation de la crise, ce qui aura des répercussions considérables sur la stabilité régionale. L'ECLJ participera à la réunion au Conseil des droits de l'homme et prendre la parole devant la Commission internationale sur l'Éthiopie pour défendre les droits des chrétiens amharas.
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