L'effacement systématique du patrimoine chrétien arménien au Haut-Karabakh
Le Haut-Karabakh, situé dans ce qui est aujourd'hui le sud-ouest de l'Azerbaïdjan, abrite un trésor de patrimoine chrétien arménien - églises, monastères, khachkars et autres artefacts culturels qui témoignent de la foi et de la culture du peuple arménien. Ces précieux éléments de l'histoire arménienne sont toutefois systématiquement effacés de la région.
Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) a récemment publié un rapport détaillé intitulé « L'effacement systématique du patrimoine chrétien arménien dans le Haut-Karabakh ». Ce rapport cherche à attirer l'attention sur la destruction malveillante et le révisionnisme du patrimoine chrétien arménien, à évaluer la réponse internationale à ce jour et à fournir des recommandations pour lutter contre l'effacement culturel qui se produit dans le Haut-Karabakh.
La région du Haut-Karabakh s'enorgueillit de compter environ 500 sites culturels abritant quelque 6 000 vestiges du patrimoine arménien. Pendant des décennies, les Arméniens et les Azerbaïdjanais se sont disputés cette région culturellement riche, chacun revendiquant un contrôle légitime. Malheureusement, les conflits intermittents ont entraîné des effusions de sang et la destruction d'un précieux patrimoine culturel.
Malgré les nombreuses demandes de l'Arménie et de diverses institutions internationales, l'Azerbaïdjan a refusé à plusieurs reprises d'autoriser des observateurs étrangers à surveiller les sites culturels du Haut-Karabakh. Ainsi, le patrimoine arménien ne peut être surveillé que par satellite, et l'accès aux sources concernant la destruction culturelle en cours est limité. Le rapport de l'ECLJ fournit une liste exhaustive et un examen détaillé des sites du patrimoine religieux qui ont été détruits, endommagés ou menacés par l'Azerbaïdjan entre septembre 2023 et juin 2024. Le rapport détaille également le révisionnisme culturel mené par l'Azerbaïdjan. Pour parvenir à un effacement culturel complet, l'Azerbaïdjan ne s'est pas contenté de détruire le patrimoine arménien, il nie également son existence.
La destruction de la culture arménienne par l'Azerbaïdjan mérite l'attention de la communauté internationale, non seulement parce qu’un patrimoine inestimable religieux et national risque d'être effacé, mais aussi parce que les actions de l'Azerbaïdjan contreviennent à ses engagements internationaux tels que la Convention de La Haye de 1954 et la Convention du patrimoine mondial. Bien que de nombreuses institutions internationales aient condamné les actions de l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, la réponse n'a pas été suffisamment forte. L'Azerbaïdjan n'a pas tenu compte des appels de la communauté internationale à respecter le patrimoine culturel arménien.
L'ECLJ s'est engagé à utiliser tous les moyens disponibles pour inciter les institutions internationales à protéger le patrimoine chrétien arménien. Nous avons contacté les députés de l'APCE pour leur demander de dénoncer les horribles destructions commises par l'Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh. Nous avons également contacté l'auteur de la résolution 2558 de l'APCE, récemment adoptée, intitulée « Lutter contre l'effacement de l'identité culturelle en temps de guerre et de paix », pour la remercier de son travail sur l'effacement culturel en Ukraine et de sa prise en considération dans son rapport des destructions commises dans le Haut-Karabakh.
Le plaidoyer zélé de l'ECLJ a contribué à une discussion importante sur l'effacement culturel dans le Caucase du Sud lors du débat sur la résolution 2558, trois des délégués contactés par l'ECLJ ayant soulevé la question de l'effacement culturel en cours au Nagorno-Karabakh. L'ECLJ continuera à attirer l'attention des institutions internationales sur cette question jusqu'à ce que la protection du patrimoine chrétien arménien soit assurée.
Que ce soit par corruption institutionnelle ou par simple apathie, les organisations internationales et les voisins proches de l'Azerbaïdjan n'ont pas réussi à adopter une position ferme contre la destruction et le révisionnisme de la culture arménienne. Cette situation ne doit pas durer. Comme l'ont noté les historiens et les experts culturels, si l'effacement culturel total se produit, ce sera la conséquence de la complaisance internationale. Cependant, il est encore temps d'arrêter le génocide culturel de l'Azerbaïdjan. Pour empêcher la destruction du Haut-Karabakh avant qu'il ne soit trop tard, les organisations internationales doivent aller au-delà de leurs condamnations morales et prendre des mesures fermes et énergiques contre l'effacement systématique du patrimoine chrétien arménien au Haut-Karabakh.
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