
Pour la première fois, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) va se prononcer sur la polygamie.
Elle est saisie par un Yéménite polygame réfugié aux Pays-Bas avec sa première femme et leurs huit enfants. Il attaque les Pays-Bas à la CEDH pour avoir refusé son regroupement familial avec les cinq enfants qu’il a eus de ses deuxième et troisième épouses. Il estime que ce refus viole le respect dû à sa vie familiale. Au centre de l’affaire : la question de l’interdit de la polygamie.
Les familles polygames ont-elles droit au regroupement familial en Europe au titre du respect de la « vie familiale » et de l’intérêt supérieur des enfants ?
C'est la question à laquelle la CEDH va devoir répondre et que nous abordons dans ce nouvel entretien du mois.
Pour Grégor Puppinck, qui a été autorisé par la Cour à lui remettre des observations écrites dans cette affaire, cette question met la CEDH au pied du mur. À force d'avoir déconstruit la notion de famille, la Cour n'a plus aucun argument solide pour refuser par principe la polygamie.
La seule raison pour laquelle la Cour pourrait s'opposer à la polygamie, serait culturelle, mais cela va à rebours de sa philosophie. Pour la Cour, les pays européens devraient se réjouir du multiculturalisme et de la diversité.
Il y a fort à parier, selon Grégor Puppinck, que la Cour contournera la question de la polygamie pour se concentrer uniquement sur la situation des enfants.
La Cour rejettera probablement la demande de ce Yéménite, parce que ses enfants sont en sécurité en Turquie avec leurs mères, mais elle accepterait alors le principe du regroupement familial polygame, dès lors que les circonstances le justifient.
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