Massacre à l’église Mar Elias de Damas: l’ECLJ appelle l’Europe à protéger les chrétiens de Syrie
Au moins 25 morts et plus de 60 blessés : tel est le lourd bilan de l’attentat suicide survenu durant la messe du dimanche 22 juin dans l’église Mar Elias de Damas. Les murs ensanglantés et les icônes maculées témoignent de la sombre perspective qui pèse sur l’avenir des chrétiens de Syrie, sous un gouvernement dominé par l’idéologie djihadiste.
L’église grecque-orthodoxe Mar Elias, ou Saint Élie, située dans le quartier de Dweila à Damas, a fait l’objet d’un attentat particulièrement meurtrier durant la messe dominicale du 22 juin 2025. Un homme a d’abord ouvert le feu depuis l’extérieur de l’édifice, avant d’y entrer et de déclencher une explosion suicide. Non encore revendiquée, cette attaque serait, d’après le ministère de l’Intérieur, liée à l’organisation État islamique. Des photos éloquentes de la scène de dévastation sanglante font le tour du monde et émeuvent la communauté internationale.
«La main perfide du mal a frappé ce soir, emportant nos vies ainsi que celles de nos proches, tombés aujourd'hui en martyrs au cours de la divine liturgie du soir», déclare le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche, qui demande aux autorités syriennes d’assumer l'entière responsabilité de cet attentat et d’assurer la protection de tous les citoyens.
Wael Kassouha, responsable de la mission Syrie de l’ONG SOS Chrétiens d’Orient, témoigne:
«En quelques secondes, l’assemblée priante s’est muée en scène d’horreur. Ce n’est pas seulement l’attaque d’une église, c’est l’attaque du cœur de chaque Syrien, et de notre droit à vivre notre religion en paix. Nous ne laisserons pas la violence faire taire notre prière. Nous réclamons justice.»
Depuis la chute de Bachar al-Assad, les chrétiens de Syrie subissent une vague d’exactions qui alimente un profond sentiment de crainte au sein de cette communauté déjà fragilisée. Quant à la protection des minorités promise par le gouvernement d’Ahmed al-Charaa, fondateur du groupe terroriste al-Nosra, elle reste purement déclarative et ne s’est traduite par aucune mesure concrète. Les chrétiens redoutent une recrudescence de l’instabilité et sentent peser de lourdes menaces sur leurs épaules.
Il règne parmi cette communauté – l’une des plus anciennes de Syrie – un climat de peur et d'insécurité, alimenté par des persécutions et des assassinats ciblés. Ainsi, les fidèles ne sont pas surpris par la dernière attaque terroriste, la première depuis le départ de Bachar al-Assad :
«De nombreux incidents ont été relevés contre des églises depuis la chute du régime, et les autorités n’ont rien fait pour arrêter cela. Honnêtement, ce qui vient d’arriver ne me surprend pas», affirme le père Yohanna Schéhadé, prêtre de Mar Elias.
Les tensions communautaires se multiplient et, comme les Alaouites en mars 2025, puis les Druzes en avril, la minorité chrétienne constitue une cible facile pour les extrémistes musulmans dont la violence n'est plus à démontrer.
Nous avions déjà alerté le Parlement européen sur la situation des chrétiens syriens lors d’une conférence organisée par l’Intergroupe «Chrétiens du Moyen-Orient», le 12 février 2025. Afin de sensibiliser le grand public aux menaces qui pèsent sur leur subsistance, nous avons également publié une tribune dans le JDD: Menace sur les chrétiens de Syrie: l’Europe doit agir.
Le Centre européen pour le droit et la justice recommande à la communauté internationale, et particulièrement aux institutions européennes:
Domitille Casarotto, étudiante en géopolitique.