
Le 16 octobre 2025, l'ECLJ a participé à la Conférence sur la dimension humaine de l'OSCE à Varsovie. Notre chargé de plaidoyer, Thibault van den Bossche, a prononcé une déclaration orale pour dénoncer les agissements de la Turquie à l'encontre des chrétiens. Voici ce qu'il a dit et demandé:
Monsieur le Modérateur,
Je m'appelle Thibault van den Bossche et je représente le Centre européen pour le droit et la justice.
Les chrétiens de toutes confessions vivant en Turquie sont confrontés à un climat hostile. Les discours politiques, médiatiques et sociaux présentent souvent les chrétiens comme des étrangers, des suspects ou des éléments déstabilisateurs, en bref: comme une menace pour la sécurité nationale. Une telle rhétorique alimente la violence directe, notamment les attaques contre les églises et les cimetières, ainsi que l'intimidation du clergé et des croyants.
Les protestants et les chrétiens convertis de l'islam forment un groupe particulièrement vulnérable et étroitement surveillé. Ils souffrent également des interdictions d'entrée sur le territoire imposées aux chrétiens étrangers. Entre 2019 et 2024, 132 chrétiens étrangers ont été expulsés de manière arbitraire, ce qui a touché au total 303 personnes, y compris les conjoints et les enfants.
Le déni du génocide arménien continue de façonner le discours public et ajoute à la stigmatisation des anciennes communautés chrétiennes. L'enseignement public promeut une identité religieuse alignée sur l'islam sunnite et le nationalisme turc, ce qui conduit à la marginalisation des chrétiens, des alévis et d'autres groupes non musulmans.
En Turquie, de nombreuses communautés chrétiennes ne jouissent toujours pas de la liberté d'association et des droits connexes, tels que la capacité juridique d'exister et de fonctionner ouvertement. Pour la communauté protestante, le principal défi concerne les lieux de culte. Faute d'églises historiques, la plupart des congrégations louent ou achètent des locaux ordinaires. Pourtant, beaucoup ne sont pas officiellement reconnues comme des églises et subissent des pressions.
Pour les églises traditionnelles, en particulier l'église grecque orthodoxe et l'église arménienne, l'État s'ingère systématiquement dans le fonctionnement des fondations communautaires héritées de la période ottomane. Le droit à la propriété et la liberté d'organiser des élections libres pour les conseils d'administration des fondations sont restreints depuis des décennies, contrairement aux exigences de légalité, de légitimité et de nécessité dans une société démocratique. En conséquence, les fondations chrétiennes ont été expropriées, microgérées ou gelées, et, en fait, nationalisées, alors même qu'elles gèrent des écoles et des hôpitaux qui servent le bien commun.
Au Centre européen pour le droit et la justice, nous défendons ces causes devant les instances européennes et internationales. Par exemple, nous sommes intervenus dans l'affaire Mavrakis devant la Cour européenne des droits de l'homme, afin de défendre deux prêtres qui ont été démis de leurs fonctions au sein des conseils d'administration de fondations simplement parce qu'ils sont membres du clergé.
Nous exhortons donc la Turquie à :
Merci.