Chapin et Charpentier c. France
Le 9 juin 2016, la Cour européenne a rendu sa décision dans l’affaire Chapin et Charpentier c. France (n°40183/07). Elle mettait en cause l’annulation par les juridictions françaises du « mariage de Bègles » célébré en 2004 entre deux hommes, en violation de la loi française.
Par cette décision, la Cour européenne des droits de l’homme rappelle, à l’unanimité, que la Convention européenne des droits de l’homme ne comporte pas de droit au mariage pour les couples homosexuels, tant au titre du droit au respect de la vie privée et familiale (art. 8) qu’à celui de se marier et de fonder une famille (art. 12).
Plus précisément, cette nouvelle décision vient confirmer une série d’arrêts, rappelant en particulier que :
L’ECLJ salue cette décision, qu’il estime conforme à une juste interprétation de la Convention européenne des droits de l’homme. L’ECLJ note cependant que cette décision, à la suite de l’arrêt Oliari, ne ferme pas totalement la possibilité d’une évolution future de la position de la Cour en faveur d’un droit au mariage homosexuel comme composante d’un droit « à la reconnaissance » des relations stables, tout en reconnaissant qu’une telle interprétation ne peut s’appuyer sur la lettre de la Convention.
La question du mariage homosexuel place la Cour face aux limites de son pouvoir d’interprétation de la Convention, limites marquées par la lettre même de ce traité et par la volonté explicite d’une part importante de ses Etats parties. S’il est toujours opportun d’appliquer la Convention aux évolutions de la société, il est en revanche abusif de prétendre faire "évoluer" le contenu même de la Convention.
Pour aller plus loin, voir notamment : G. Puppinck, « CEDH : la reconnaissance et la protection légale des relations homosexuelles stables sont un droit de l’homme », RLDC n°132, Décembre 2015.
(Crédit photo : Sud Ouest)