

OMS : Contrôle démographique européen
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le lobby parlementaire européen du planning familial mondial ont officialisé leur alliance le 25 août 2023. L’OMS souhaite ainsi bénéficier du savoir-faire et du réseau de ce lobby pour promouvoir le contrôle démographique auprès des parlementaires. En contrepartie, ce lobby bénéficie du prestige et de la légitimité politique de l’OMS. Plus précisément, le protocole d’accord engage le Programme de reproduction humaine (HRP) de l’OMS et le Forum Parlementaire Européen pour la Population et le Développement (EPF). Cette actualité met une nouvelle fois en lumière le projet et la stratégie de l’OMS pour le contrôle démographique et ses liens historiques avec la Fédération internationale pour la Planification familiale (IPPF). De la création de normes scientifiques se voulant neutres, jusqu’à leur imposition aux États au nom des droits de l’homme, ces organisations travaillent ainsi à étendre dans le monde les méthodes de réduction de la fertilité.
Une instrumentalisation de la science en faveur du contrôle démographique
Créé en 2000, l’EPF est une émanation directe de l’IPPF[1]. Il ne s’agit pas d’un groupe du Parlement européen mais d’un lobby agissant comme une plateforme de coopération pour parlementaires européens engagés dans la promotion de l’avortement et de la contraception en Europe et dans le monde. L’EPF promeut ainsi les intérêts de l’IPPF au sein des institutions européennes. Le HRP est quant à lui plus ancien. Il a été créé en 1970 au sein de l’OMS pour produire des données scientifiques dans un but de réduction démographique. Cet objectif était prôné par l’ONU dès les années 1950 pour des motifs économiques et de développement. L’IPPF est membre permanent de l’organe de décision du HRP depuis 1977, alors qu’une collaboration informelle entre l’EPF et le HRP date quant à elle de 2014.
Le HRP, structure publique internationale, a ainsi décidé de formaliser son alliance avec l’EPF, un lobby privé de droit belge. Ces deux structures sont toutes les deux financées de manière importante par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP). Ce dernier s’est associé au HRP en 1988 ; il est l’un de ses principaux contributeurs financiers avec plus de 68 millions d’euros versés depuis sa création. Le FNUAP est aussi devenu le principal financeur de l’EPF avec plus de 250 000 euros versés en 2021. L’EPF est également financé par la fondation Bill et Melinda Gates, l’OMS et l’IPPF.
Le rôle du HRP est de publier des données scientifiques. Ces différents lobbys les diffusent ensuite auprès des décideurs au nom de la « science ». Or, sans contester les résultats scientifiques en eux-mêmes, il apparait qu’au cours de son histoire, le programme de recherche du HRP a été influencé par un nombre restreint d’États et d’acteurs privés qui étaient ses principaux financeurs et administrateurs. De plus, dans un contexte d’essoufflement de la recherche depuis 2000, la recherche fondamentale biomédicale menée au sein du HRP a cédé la place aux sciences humaines et à la communication. Le Programme n’en garde pas moins son influence, car les États interprètent ses recommandations à l’aune de l’autorité scientifique que l’OMS lui confère.
Dans cet accord, l’EPF et l’OMS n’annoncent pas vouloir contrôler la démographie, ils disent plutôt vouloir « renforcer le pont entre la science et la politique afin de faire progresser la santé et les droits sexuels et reproductifs pour tous ». Il s’agit en réalité d’un discours « marketing » visant à faire passer le message démographique du HRP auprès des politiques. En effet, pour des raisons stratégiques, ces organisations ont commencé à arrêter de parler officiellement de contrôle démographique en 1994 lors de la Conférence sur la Population au Caire pour faire face au rapport de force engagé par le Saint-Siège et les pays pauvres. Le discours y était devenu plus consensuel et davantage centré sur les droits de l’homme : « Avortement » et « contraception » étaient alors devenus synonymes de « santé des femmes » et de « droits sexuels et reproductifs ».
Derrière la « santé et les droits sexuels et reproductifs » : le contrôle démographique
Derrière ce discours, le projet de contrôle et de réduction de la population mondiale reste inchangé. Il était encore possible de lire dans un article publié par l’OMS le 8 février 2018 que « la planification familiale est essentielle pour ralentir une croissance démographique non durable et les effets négatifs qui en résultent sur l’économie, l’environnement et les efforts de développement nationaux et régionaux ». Cet article a été modifié en 2020 et cette mention a été supprimée. Dans la même logique, en 2022, l’EPF pour la Population et le Développement a officiellement changé de nom pour adopter celui d’EPF pour les Droits Sexuels et Reproductifs. Il s’agit d’une stratégie marketing visant à dissimuler leurs objectifs de contrôle démographique.
Cette stratégie s’est vérifiée en 2020 lors de la publication par l’OMS de la mise à jour de ses lignes directrices sur l’avortement. Au nom de la « santé et des droits sexuels et reproductifs », ce document promeut une libéralisation complète de l’avortement sans précédent dans le monde. Il recommande, entre autres, la légalisation de l’avortement à la demande et sans condition jusqu’au terme de la grossesse. Or, comme l’a révélé l’ECLJ[2], ce document a été rédigé par des militants et par de grandes fondations et organisations pro-avortement. Ainsi, sur les 142 personnes qui ont travaillé sur les lignes directrices, 91 ont un profil d’activiste (64 %). Malgré ce travail militant, ce document est présenté aux États comme prétendument scientifique et neutre. Il ne reste plus qu’à des lobbys, comme l’EPF, à promouvoir et imposer ces lignes directrices auprès des politiques.
L’EPF est aussi très engagé dans un combat contre les organisations chrétiennes, pro-vie et/ou conservatrices, dont l’ECLJ, qu’il présente comme formant un réseau secret mondial (qui n’est autre, en fait, que l’Église). Les publications de l’EPF s’emploient à dénoncer le Vatican et plus généralement toutes les organisations chrétiennes qui défendent la vie humaine, car ils fomenteraient une forme de conspiration mondiale contre les « droit sexuels et reproductifs ». Les méthodes employées par l’EPF sont indignes et à la limite de la légalité, en ce qu’elles s’attaquent aux personnes plutôt qu’à leurs arguments. Déjà en 2012, l’EPF avait publié une « liste noire » des personnalités pro-vie (dont Grégor Puppinck, directeur de l’ECLJ) indiquant des détails de leur vie privée, notamment religieux et familiaux, y compris relatifs à leurs enfants.
Article paru dans Valeurs Actuelles le 4 octobre 2023.
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[1] Neil Datta, biographie sur le site de l’EPF “Neil founded the organization with a select group of parliamentarians and with the support of IPPF in 2000”. https://www.epfweb.org/node/73
[2] http://media.aclj.org/pdf/List-of-contributors-to-the-WHO-“Abortion-care-guideline”-ECLJ-June-2022.pdf