Éthiopie : Le mandat de la Commission d’experts non reconduit, l’ECLJ continuera d’agir pour les victimes Amharas
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La Commission internationale d’experts sur l’Éthiopie a rendu un dernier rapport de situation alarmant… avant d’achever son mandat dans l’indifférence des États.

Cette Commission, instaurée par le Conseil des droits de l’homme en décembre 2021, avait pour mission de compiler et analyser les violations des droits de l’homme commises en Éthiopie depuis l’éruption du conflit le 3 novembre 2020 dans les régions d’Amhara, d’Afar, d’Oromia et du Tigré. Alors que la Commission considère qu’il s’agit du conflit le plus meurtrier dans le monde depuis 20 ans et qu’elle a collecté des preuves accablantes contre tous les camps impliqués dans les combats, son mandat n’a pourtant pas été reconduit. Le travail de cette Commission s’est donc arrêté le 13 octobre 2023, avec un dernier rapport.

Dans cet ultime rapport, la Commission d’experts dénonce clairement les faits et les responsables[1] :

les Forces de défense nationale éthiopiennes, les Forces de défense érythréennes et les forces spéciales et milices régionales alliées sont toutes responsables de massacres, de viols et de violences sexuelles généralisés et systématiques, y compris l'esclavage sexualisé contre les femmes et les filles, la famine délibérée, les déplacements forcés et des détentions arbitraires à grande échelle qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Les forces du Tigré sont responsables de meurtres, de viols et de violences sexuelles généralisés, de destructions de biens et de pillages équivalant à des crimes de guerre.

« L’ampleur et la continuité des violences en Éthiopie depuis le 3 novembre 2020 sont telles que le présent rapport ne peut être considéré comme reflétant pleinement les préjudices subis par les civils dans les régions faisant l'objet de l'enquête », a déclaré Mohamed Chande Othman, président de la Commission.

L’ECLJ est intervenu le 21 septembre 2023, lors du débat au Conseil des droits de l’homme avec cette Commission d’experts pour dénoncer tout particulièrement la souffrance du peuple Amhara, victime d'une succession de crimes haineux alarmant à caractère ethnico-religieux. Voici l’intervention dans laquelle nous demandions la poursuite des travaux d’investigation de la Commission :

Voir la vidéo ci-dessus ou ici sur notre chaîne YouTube.

Comme nous avions pu nous en rendre compte lors des débats au Conseil des droits de l’homme, la représentation éthiopienne a essayé de minorer, voire d’étouffer les faits et a accusé le rapport de la Commission d’être « politisé ». La plupart des États ont fait preuve d’un faible intérêt pour la situation éthiopienne et semblaient se contenter du « mécanisme éthiopien de justice transitionnelle » promis par le Gouvernement du pays. Selon une correspondante du Monde, les États occidentaux ne souhaitent pas véritablement poursuivre les responsables car : « le camp occidental redouble d’efforts pour renouer avec Addis-Abeba depuis la récente adhésion de l’Éthiopie aux Brics[2] ». Aucun État n’a donc formellement demandé la prolongation du mandat de la Commission d’experts sur l’Éthiopie qui s’est donc automatiquement achevé à la fin de la 54e session du Conseil des droits de l’homme.

Alors que les exactions contre le peuple Amhara continuent, l’ECLJ va poursuivre ce travail d’enquête que la Commission ne peut plus faire et agira dans le cadre du mécanisme de l’Examen périodique universel et lors de la prochaine session du Conseil des droits de l’homme pour lutter contre l’impunité des responsables.

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Photo: Mohamed Chande Othman et Steven Ratner, Président et membre de la Commission internationale d'experts des droits de l'homme sur l'Éthiopie lors du dialogue interactif de la 54e session du Conseil des droits de l'homme, le 21 septembre 2023 à Genève. Crédit : Nations unies pour usage informatif gratuit.

[1] « Il ne faut pas oublier les victimes du conflit brutal en Ethiopie, affirment des experts de l’ONU », ONU Info, 13 octobre 2023.

[2] Noé Hochet-Bodin, « Ethiopie : après la guerre au Tigré, la vérité et la justice sacrifiées », Le Monde, 5 octobre 2023.

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