Soutenir la maternité : Conférence au Parlement européen
Le Parlement européen entame un débat sur l’avortement, à l’occasion de l’initiative citoyenne européenne « My Voice My Choice ». Dans ce contexte, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) a coorganisé avec la fédération « One of us » une conférence le 15 octobre 2025. Cet événement était sponsorisé par les groupes politiques PPE et ECR.
Un ancien commissaire européen et huit députés ont pris la parole, ainsi que six femmes témoignant de leur expérience personnelle de l’avortement. Nicolas Bauer, chargé de plaidoyer à l’ECLJ, est intervenu pour appeler l’Union européenne à exercer pleinement ses compétences en matière de soutien à la maternité :
Texte de l'intervention de Nicolas Bauer :
My Voice My Choice entend « protéger le droit d’avorter ». Cette pétition est en décalage total avec la réalité de l’avortement.
Mesdames, vous avez eu le courage de partager vos histoires personnelles. Nous vous en remercions. Vous avez subi vos avortements. Ils ont été pour vous une épreuve douloureuse, vécue dans l’isolement. Vous ne pouvez pas dire aujourd’hui avec cette pétition : Abortion is my voice, my choice.
Vos témoignages sont uniques, mais ils expriment une réalité plus large. 92% des femmes déclarent que l’avortement « laisse des traces difficiles à vivre » (IFOP, 2020). Parler de l’avortement comme un choix banal ou comme un droit, c’est nier cette souffrance. My Voice my choice est un déni de la souffrance des femmes. C’est aussi un déni de l’enfant à naître, qui est l’être le plus innocent qui soit. Et ce double déni aggrave les blessures psychologiques laissées par l’avortement.
Nous espérons, Mesdames, que vos voix seront entendues.
Votre présence ici place le Parlement européen devant une question essentielle : comment aider les femmes à éviter les difficultés que vous avez traversées ? Comment soutenir la maternité ? Et comment soutenir la famille ? Car chaque enfant à naître a aussi un père, et ce père doit être responsabilisé et soutenu dans sa mission.
Certains États montrent l’exemple. Je pense à la Hongrie. Je pense aussi à l’Italie, où Giorgia Meloni a multiplié les aides destinées aux femmes enceintes, aux mères et aux familles.
Mais l’Union européenne a également un rôle à jouer. Il ne s’agit pas de se substituer aux États, mais de compléter leur action. L’Union européenne dispose de compétences d’appui et de coordination, et elle peut les exercer pour soutenir la maternité et la famille.
La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne contient plusieurs droits pour les femmes et les familles. À l’article 33, elle consacre un droit pour les mères à un congé de maternité et un droit pour les parents à un congé parental. Une directive a fixé des normes minimales pour toute l’Europe. L’objectif de cette directive est explicitement cité dans son préambule : « l’intérêt supérieur de l’enfant », et notamment son droit à un lien fort avec ses parents.
D’après le même article 33 de la Charte des droits fondamentaux, « La protection de la famille est assurée sur le plan juridique, économique et social ».
Pour chacun des articles de cette Charte, l’Union européenne finance des programmes. L’un des programmes rattachés à l’article 33 a soutenu une centaine de familles italiennes pauvres et isolées, vivant dans un territoire rural. Ces familles étaient dépassées par les exigences de l’accueil de la vie et de l’éducation des enfants. Après deux ans d’accompagnement concret par ce programme, ces familles ont retrouvé la stabilité nécessaire. Elles ont aussi, pour certaines, pu donner naissance à d’autres enfants.
Ce n’est qu’un seul programme sur les centaines d’autres programmes européens. Son financement était modeste et il a été interrompu il y a déjà quatre ans. Depuis, plus rien n’est fait au niveau européen pour soutenir la maternité et la famille. L’Union européenne choisit malheureusement d’investir davantage dans d’autres programmes, avec des objectifs idéologiques. C’est le cas par exemple des programmes qui introduisent la théorie du genre dans les familles européennes. C’est le cas aussi des programmes qui promeuvent l’avortement.
Il y a dix ans, près de deux millions d’Européens avaient signé pour l’arrêt des programmes qui menacent les enfants à naître. C’était l’initiative citoyenne européenne One of us. Cette demande avait été portée dans ce Parlement par Grégor Puppinck, directeur de l’ECLJ et alors porte-parole de One of us. Nous réitérons aujourd’hui cet appel : nous sommes tous contribuables et nous ne voulons pas que notre argent finance l’avortement ou d’autres pratiques similaires.
Nous souhaitons que l’argent public européen soit bien utilisé, qu’il soit utilisé pour des programmes de soutien à la maternité et à la famille. C’est l’investissement le plus rentable qui soit pour l’Europe et pour son avenir.
De nombreuses associations de la fédération One of us, représentées ici, mènent une action concrète dans toute l’Europe. Elles manquent de moyens, alors qu’elles pourraient devenir de très bons partenaires pour des programmes européens. L’Union européenne est compétente pour soutenir la maternité et la famille, nous lui demandons ce matin d’en faire une priorité.