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L’ECLJ défend un chrétien pakistanais accusé de blasphème devant le Conseil des droits de l’homme

Shahzad Masih : accusé de blasphème

Par ECLJ1633096145143
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Les lois sur le blasphème au Pakistan continuent de faire parler d’elles. De nombreuses fausses accusations de blasphème se font jour dans ce pays où toute personne accusée d’un tel crime coure le risque d’être lynchée par la foule. La justice pakistanaise ne garantit pas davantage un procès équitable. Cela alors même que le gouvernement pakistanais avait assuré en 2017 que les lois anti-blasphème ne seraient pas utilisées au-delà de ce que la lettre de la loi permet[1].

C’est néanmoins ce qui est arrivé à Shahzad Masih, dont l’affaire s’éternise depuis maintenant quatre ans. Ce chrétien pakistanais est accusé de blasphème envers le prophète Mahomet par son collègue musulman. Shahzad a déjà passé plus de quatre années en prison, et il risque la peine de mort s’il est déclaré coupable.

L’ECLJ vient de déposer une déclaration écrite au Conseil des droits de l’homme des Nations unies afin d’exhorter les autorités pakistanaises à réexaminer cette affaire. Celle-ci doit être abordée de manière impartiale pour que justice soit rendue et que Shahzad soit libéré. Une telle issue est possible : notre déclaration, basée sur le dossier de l’instruction, indique en effet que les propres accusations du ministère public ne constituent pas un blasphème selon la loi du pays.

En juillet 2017, Shahzad était au travail quand son collègue musulman, membre d’un groupe religieux musulman radical (Tehreek-e-Tahaffuz-e-Pakistan), engagea une discussion sur la religion. Il entretint Shahzad des prophètes de l’islam et l’interrogea sur ceux des chrétiens, mais, prudent, ce dernier lui opposa qu’il ne connaissait pas grand-chose en matière de religion. Le dialogue se poursuivait quand Shahzad en est venu à lui dire qu’un ami de son père jurait toutes les fois qu’il entendait le nom de « Mohamed ». Son collègue, outré d’une telle attitude, ameuta des douzaines de musulmans, tous membres du même groupe extrémiste et demanda à Shahzad Masih de répéter les mots que prononçait l’ami de son père. En dépit de l’absence manifeste du caractère blasphématoire de ses propos, puisqu’il ne faisait que répéter les propos d’un tiers sur demande d’un collègue musulman, la police enregistra une plainte pour blasphème contre Shahzad.

Au cours du procès, tous les témoins ont confirmé la version de Shahzad ; des faits qui, selon l’agent chargé de l’enquête même, ne correspondent à aucun délit de blasphème en droit. L’affaire semble simple, tant l’innocence de l’accusé est manifeste. D’autant que Shahzad n’avait que 16 ans au moment des faits. Mais c’est oublier que l’enjeu majeur dans ce procès réside dans la capacité de résistance du tribunal face à la pression sociale et médiatique. Car si les personnes accusées de blasphème au Pakistan sont rarement innocentées en dépit du manque de preuves, c’est avant tout en raison des débordements de foules qui exercent une pression sur les juges.

Il ne reste qu’à espérer que l’équivalent pakistanais de notre cour d’assises ne cèdera pas devant ces intimidations et protégera Shahzad Masih. Les tribunaux pakistanais ont souvent cité William Blackstone qui disait qu’il valait « mieux que dix coupables s’échappent plutôt qu’un seul innocent ne souffre. » Ainsi les juges de Shahzad ne devraient pas désavouer cette maxime juridique, mais bien l'appliquer comme l'un des principes fondamentaux du système de justice pénale. Passer outre, c’est exposer le système judiciaire pakistanais à n’être qu’une parodie de justice, soumis à tous les vents de la protestation sociale.

Le gouvernement pakistanais doit être en mesure de protéger ses citoyens engagés dans un procès contre les foules de manifestants. Le Pakistan ne protégera les minorités religieuses que lorsque l’État de droit sera respecté, et lorsque ses citoyens, même ceux accusés de blasphème, auront accès à un procès équitable.

 

[1] https://www.dawn.com/news/1327745

Pour la défense des Chrétiens persécutés
Lire le texte complet de la pétition

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