C’est à l’occasion de l’Assemblée Générale des Nations Unies que 19 pays se sont unis, ce 23 septembre, pour s’opposer publiquement aux attaques internationales contre la vie et la famille. Dans une déclaration conjointe, ils dénient l’existence de tout droit international à l’avortement et s’opposent aux politiques d’éducation sexuelle irrespectueuses des droits et des convictions des parents. Le même jour, Donald Trump a déclaré à la tribune des Nations Unies que « les Américains ne cesseront jamais de défendre les vies innocentes ».
Cette alliance, constituée à l’initiative des Etats-Unis, rassemble notamment la Russie, le Brésil, la Pologne, la Hongrie, le Nigéria, la RDC, ou encore l’Arabie Saoudite et l’Egypte, entre autres. Ils représentent au total plus de 1,3 milliard de personnes.
Une déclaration aussi explicite, et prononcée à un tel niveau, est inédite. Elle tend à couper court à tout nouvel effort de l’ONU de promouvoir l’avortement lors de la prochaine Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), qui se tiendra à Nairobi en novembre. Cette conférence sera la dernière en date d’une longue série initiée dès 1927 – bien avant la fondation de l’ONU – par Margaret Sanger, la fondatrice du Planning familial, qui était alors la figure la plus active des milieux néo-malthusiens. Ceux-ci cherchaient à convaincre les gouvernements occidentaux de la nécessité de limiter la croissance démographique des pays pauvres pour éviter des déséquilibres politiques et économiques. C’est pourquoi la diffusion de la contraception et de l’avortement est devenue une priorité d’instances telles que le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) qui organise à présent cette conférence.
C’est lors de la Conférence du Caire de 1994 que le débat sur l’avortement fut le plus vif, et la situation la plus critique. Une coalition menée par le Vatican en sortit finalement vainqueur et obtint que l’avortement ne soit pas présenté comme un droit, mais comme une pratique devant être réduite par les Etats.
C’est à la suite de cette défaite diplomatique, et pour contourner les Etats, que des hauts fonctionnaires et experts des Nations Unies se réunirent de façon informelle avec des représentants d’ONG, en décembre 1996 à Glen Cove. Ils adoptèrent alors une nouvelle stratégie consistant à utiliser des ONG pour introduire dans le droit international, via les mécanismes des comités des Nations unies (dans lesquels siègent ces mêmes experts), des éléments de langage associant l’avortement à des droits existants ou à des notions vagues telles que les « droits sexuels et reproductifs ». Il s’agissait en fait d’inoculer discrètement l’avortement dans l’interprétation officielle des traités des Nations Unis. Cette stratégie fut couronnée de succès, et aboutit en octobre dernier à l’adoption par les experts du Comité des droits de l’homme d’un texte de référence présentant l’avortement sur demande comme un droit de l’homme (observation générale n°36).
La déclaration du 23 septembre est donc une réponse de gouvernements à l’activisme à l’œuvre dans l’administration onusienne.
Outre la promotion de l’avortement, les 19 Etats s’opposent aussi à l’intrusion de l’administration dans les familles, en particulier en matière d’éducation sexuelle. Ils déclarent ne soutenir cette éducation que si elle « reconnait le rôle protecteur de la famille dans cette éducation et ne tolère pas les risques sexuels auxquels les jeunes peuvent être exposés ». Autrement dit, cette éducation sexuelle ne doit pas violer les droits et convictions des parents, ni inciter à des pratiques dangereuses. Les Etats rappellent aussi que « la famille est l’institution fondamentale de la société et devrait par conséquent être protégée et renforcée », suivant une formule consacrée du droit international. Sans le dire explicitement, ils répondent ainsi aux diverses tentatives occidentales de relativiser la référence juridique à la famille naturelle.
La déclaration du 23 septembre s’oppose donc frontalement aux interprétations nouvelles et controversées des droits de l’homme en matière morale. Plus encore, elle refuse d’avance l’imposition de toute nouvelle obligation non consensuelle, et déclare à cette fin que « seuls les documents adoptés par tous les Etats membres devraient être cités dans les résolutions des Nations-Unies ». C’est une façon d’empêcher que de nouveaux droits antinaturels soient imposés par un vote à la majorité.
Cette déclaration peut surprendre en Europe occidentale, mais elle n’est en rien contraire au droit international qui garantit le droit à la vie, les droits des parents et protège la famille. En fait, le droit international fait obligation aux Etats non seulement de protéger la vie humaine, sans discrimination, mais aussi de prévenir le recours à l’avortement et de protéger les familles.
Cette déclaration est donc un rappel du droit international, mais aussi un rappel à l’ordre à l’égard des organes de l’ONU et un signal fort adressé en particulier à l’Union européenne pour leur signifier d’avance leur refus catégorique de toute promotion de l’avortement et de programmes immoraux d’éducation sexuelle.