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Banning Christmas Trees?

Banning Christmas Trees?

By Gérard Mémeteau1600959061505

This text will be translated as time permits.

Pendant que, selon toutes informations, le Père Noël passe ses premières commandes, des édiles que l’on dit « écolos » déclarent souhaiter la suppression du sapin érigé sur la plus noble place de leurs cités.

Ils pouvaient, comme la Maire de Poitiers commentant brièvement ces vœux, invoquer l’argument financier, parler d’un « choix motivé par souci de la sobriété financière », et, certes, les frais de l’installation, l’aménagement, les lumières… induites par le respect des traditions eussent dissuadé de sourire. On eût peut-être ironisé sur le coût de l’illumination de multiples monuments et l’on se fût contenté de ficher une (petite) étoile au sommet de la Tour Eiffel (pour guider le traineau féérique).

Mais on allait plus outre ! « nous ne mettrons pas des arbres morts sur la place de la mairie », et l’on envisageait la rédaction d’une « charte des droits de l’arbre », ce qui ne pouvait que provoquer une dispute scolastique en deux points.

Premièrement, L’arbre installé serait forcément mort, ce qui consacrerait un droit de tuer l’arbre, donc, par opposé, un droit de celui-ci « à la vie ». Un « droit à » ne peut appartenir qu’à une personne, physique ou morale, quand d’ailleurs nombre de personnes physiques ne bénéficient pas de celui en cause. Était-ce la philosophie de ce préfet qui, naguère, voulut interdire les feux dans les cheminées ? Il était question plutôt – soit écrit de mémoire – de pureté de l’air, de combat contre la pollution.

Et le thème gît dans la vision d’un grand tout, d’une unité des choses et des êtres vivants consacrée par l’article L. 110-1 du Code de l’environnement, protégée par un droit du vivant étudié par les plus savants auteurs ,académiquement autonome sans prises de position philosophiques obligées. L’arbre y aurait sa place, ses rameaux balançant son droit à la vie. Mais, il sied d’être logique : ce droit interdit d’élaguer, de couper surtout, d’utiliser des charpentes, d’édifier des murs, de lancer des embarcations en bois, etc. Une charpente en bois, c’est un arbre mort, et tué de quel droit ? Il met obstacle à la gestion forestière du bon père de famille, avec ses garanties (art. L. 124-1 et s Code forestier) y compris, dans certains cas, de reconstitution après coupe. Et la fureur des autoroutes et des L.G.V. assassine des milliers d’arbres sans que leur « droit » soit invoqué. Qui relit Ronsard, contre les bûcherons de la forêt de Gâtine (la poésie du droit de l’environnement) ? Allait-on jusqu’à ces conséquences au-delà des grands mots ?

Quant au droit du végétal (arbres, arbrisseaux, autres plantations rapprochés par le droit de servitudes), il est en l’état nié par la Cour de cassation (Civ. 3 ,16 Janvier 1991 ; la Cour d’appel avait retenu « le droit d’être maintenu en place et en vie), et l’on ne pourrait parler que d’obligations du propriétaire. Ou alors, ce serait une logique de dispersion de « droits » : droits du rocher, du poisson, des cerises dont le temps reviendrait et du muguet qui refleurirait !

Deuxièmement, il est permis de se demander si l’on ne veut pas, même inconsciemment, briser d’antiques traditions.

Il semble d’abord que l’arbre est en soi riche de symboles : l’arbre de la Liberté est planté à l’aurore de la révolution, et les paysans dansent autour. Un « arbre des donneurs » est planté dans la cour d’un hôpital pour célébrer la générosité des donneurs (d’organes). Après tout, c’est l’arbre édénique de vie !

Ensuite, l’arbre dit de Noël remonte en réalité à l’Antiquité païenne (https://croire-la-croix ; https://www-histoire-pour-tous). On remonte à l’Empire romain et à ses fêtes du solstice, les maisons étant décorées de branches de conifères…

Puis ce sont les celtes qui associent le sapin à ce qui est le mois de décembre, et l’on écrit qu’à partir du XIe siècle, l’arbre est décoré de pommes rouges (d’où nos boules en verre). Et il semble que le sapin est apparu en Alsace au XIIe siècle, tandis que la tradition n’atteindra les autres régions que tardivement (par exemple à Versailles par la reine Marie Lecszinka). Puis la coutume se popularisera, dit-on, grâce aux Alsaciens se repliant sur la France « de l’intérieur » après 1871… Peut-être aussi des influences du Romantisme ?

Ce qui intéresse le débat est l’alliance du sapin et des fêtes de Noël, d’où le surnom de l’arbre : rite de paganisme, il devient un élément du rituel de la Nativité, inséparable de l’ensemble des rites, même si récupéré par un mercantilisme dévorant. On ne parle pas de l’arbre du 1er  mai ; c’est l’arbre d’une fête exclusivement chrétienne, de Noël en attendant le tour de passe-passe qui imposera un autre nom, neutre, moins offensant pour les sensibilités. Sans doute Nivôse ?

Dès lors, le combat n’était-il pas celui contre la religion chrétienne, à travers l’une de ses manifestations accessoire mais populaire ? Le sapin rejoignait les crèches, écartées de l’espace public officiel, sauf exceptions culturelles, artistiques ou festives (voir Conseil d’État, 9 novembre 2016, deux arrêts, et les nombreux commentaires ). L’incident semble éloigné de cet ensemble ; on peut s’interroger (cf. C. Dounot : Croix, crèche et crucifix , in Tribonien, 1/2008,126) à titre de pure hypothèse, en voyant bien que la laïcité est devenue un athéisme agressif. La crèche est évidemment plus religieuse, mais, cependant, le sapin traditionnel en est devenu l’accessoire, même si nombreux restent ceux y voyant l’abri qu’il est pour des paquets colorés ! Chères petites têtes blondes !

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