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«Protéger les enfants contre les menaces en ligne»: l’ECLJ intervient au Parlement européen

Protéger les enfants contre les menaces en ligne: l’ECLJ au Parlement européen

Par Priscille Kulczyk1760010215077
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Le 23 septembre 2025 avait lieu au Parlement européen, à Bruxelles, une conférence intitulée « Protéger les enfants contre les menaces en ligne », à laquelle le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) a été invité à intervenir. Axée sur les défis posés par l’accès des enfants à la pornographie en ligne, elle était organisée par le député européen slovène Matej Tonin (PPE), en collaboration avec l’Inštitut Integrum (Slovénie) et la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (FAFCE).

Cette conférence a également bénéficié du soutien de la Plateforme Européenne du Bouclier de l’Enfant (European Child Shield Platform), dont l’ECLJ est membre. Ce réseau regroupe des experts juridiques et médicaux en matière de pornographie et plus de 30 ONG issues de 19 États membres de l’Union européenne. Son objectif est de protéger les enfants en reconnaissant la pornographie en ligne comme un problème de santé publique et en favorisant le partage de bonnes pratiques, de ressources et de connaissances dans toute l’Europe.

La psychologue espagnole Mar Álvarez Segura a tout d’abord exposé les effets de la consommation de pornographie sur le cerveau des adolescents et ses conséquences, notamment en termes de dommages au système de récompense ou encore sur la santé mentale.

Puis Táňa Reháková, représentant l’organisation tchèque NePornu, a présenté les résultats inquiétants d’une enquête réalisée en collaboration avec l’organisation slovaque Tlakový hrniec. Menée en 2023 auprès de 1684 jeunes de 13 à 17 ans, elle révèle notamment que si la première exposition à la pornographie se produit en moyenne à l’âge de 11 ans, pour 20 % des enfants elle a lieu avant 10 ans. Le premier contact est accidentel dans plus de 40 % des cas. Il est en outre alarmant de constater que plus de 52 % des garçons interrogés affirment regarder de la pornographie une fois par semaine ou plus. Les effets négatifs ont également été mis en évidence : augmentation des problèmes psychologiques et dans les relations (solitude), diminution de la satisfaction dans les relations intimes ou encore risques de consommation compulsive. Alors que 85 % des jeunes interrogés disposent d’un accès illimité aux contenus pornographiques sur les appareils mobiles, Táňa Reháková affirme : « il n’est plus question de savoir SI un enfant verra de la pornographie, mais bien QUAND. Et donc COMMENT il y sera préparé ».

Partant du constat qu’en France, 2,3 millions d’enfants regardent chaque mois de la pornographie, Anne-Sixtine Pérardel, conseillère en vie affective et sexuelle, a confirmé l’importance de la prévention, de la vérification de l’âge sur les sites, et de la mise en place de filtres par les parents. Elle plaide pour des politiques familiales fortes qui permettent de renforcer le lien parents-enfants. Il importe que ceux-ci traitent du sujet, mais après avoir parlé de la sexualité dans ce qu’elle a de beau.

Priscille Kulczyk, chercheur associé à l’ECLJ, a présenté quelques avancées positives récentes en matière de protection des enfants en ligne, notamment en ce qui concerne la vérification de l’âge pour accéder à des sites pornographiques. Il s’agit tout d’abord de la décision rendue le 27 juin 2025 par la Cour suprême des États-Unis dans l’affaire Free Speech Coalition c. Paxton qui a reconnu que l’obligation pour les sites pornographiques de vérifier l’âge de leurs utilisateurs était conforme à la Constitution, notamment au regard du premier amendement protégeant la liberté d’expression. En France ensuite, des avancées législatives et jurisprudentielles ont poussé certains sites pornographiques majeurs à suspendre leur diffusion depuis l’été 2025, tandis que d’autres ont mis en place la vérification de l’âge. Enfin, Priscille Kulczyk a salué l’adoption par le Parlement européen, le 17 juin 2025 dans le cadre de la refonte de la directive européenne de 2011 relative à la lutte contre les abus sexuels et l’exploitation sexuelle des enfants, d’un amendement obligeant les États à criminaliser la diffusion de pornographie en ligne sans qu’un outil fiable de vérification de l’âge soit mis en place. Elle a appelé les députés européens à la vigilance afin que cette disposition soit maintenue au cours des prochaines négociations interinstitutionnelles et puisse être définitivement adoptée.

Enfin, Matthieu Bruynseels (Fédération des Associations familiales catholiques en Europe – FAFCE) a montré la compétence de l’Union européenne pour protéger les enfants en ligne et présenté l’une de ses applications qu’est le Règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act – DSA). Il a rappelé l’action de la Commission européenne dans le domaine : en juillet 2025, celle-ci a publié des lignes directrices explicitant les exigences de l’article 28 du DSA relatif à la protection des mineurs en ligne. Il a enfin affirmé la nécessité de légiférer en faveur de mesures strictes de vérification de l’âge pour accéder aux sites pornographiques, de l’interdiction du profilage et de la publicité pour les utilisateurs mineurs et de sanctions en cas de non-conformité.

La conférence s’est achevée par une séance de questions-réponses qui a permis un dialogue avec l’auditoire. Diverses problématiques ont émergé, notamment l’idée d’une résolution sur l’usage des appareils connectés à l’école ou encore la question de la soi-disant « pornographie éthique » qui revient, pour Táňa Reháková, à donner à un enfant de la bière à la place d’un alcool fort. A plusieurs reprises, il a été affirmé que légiférer demeure insuffisant et que le rôle des parents, premiers éducateurs de leurs enfants est irremplaçable en matière de protection des mineurs en ligne, ceux-ci devant donc être efficacement soutenus dans leur tâche.

Non à la pornographie !
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