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Vincent Lambert : Nous agissons à l'ONU tandis que sa mort par déshydratation a repris

Lambert: une mort par déshydratation

Par Christophe Foltzenlogel1562123700000
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Comme nous le craignions, le médecin de Vincent Lambert a annoncé ce mardi matin qu’il allait recommencer à euthanasier son patient.

Comme le directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), Grégor Puppinck, l’a écrit ici, Vincent Lambert a subi un accident de la route en 2008, qui l’a laissé dans un état de conscience altérée après un traumatisme crânien. Considérant qu’il pourrait ne jamais guérir, ses médecins ont cherché à l’euthanasier, malgré son incapacité à exprimer un tel désir et bien qu’une partie de sa famille s’oppose à une telle décision.

Vincent Lambert est depuis devenu le symbole de la mise en œuvre de l'euthanasie en France et au-delà. S'il devait être euthanasié, 1 700 autres personnes dans le même état de santé en France pourraient subir le même sort.

En vérité, selon son état de santé, il n’est pas en fin de vie et pourrait vivre encore plusieurs années, si ce n’est le médecin qui le surveille.

Il y a à peine deux mois, nous avions signalé la façon dont le Comité des droits de l'homme des personnes handicapées (CDPH), à l'initiative de l'ECLJ, avait demandé au gouvernement français de suspendre l'euthanasie de Vincent Lambert pendant que le Comité de la CDPH examinait la requête des parents de Vincent demandant la même chose.

Un tribunal administratif ayant refusé d’appliquer les mesures provisoires ordonnées par le Comité américain, les avocats des parents de Vincent se rendirent devant le tribunal de grande instance de Paris pour se plaindre d’une violation flagrante des droits fondamentaux de Vincent. Ce tribunal n'a trouvé aucune violation. Les avocats ont immédiatement interjeté appel de cette décision et ont saisi la Cour d'appel de Paris.

En dépit de ces procédures, le Dr Sanchez a commencé à arrêter l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert le 20 mai, après l’approbation finale du Conseil d’État, la plus haute juridiction pour les procédures administratives de ce type en France.

Le même jour, le président Macron a publié sur Facebook un court message indiquant qu'il «ne pouvait pas intervenir» pour respecter la séparation des pouvoirs et que chaque citoyen devait accepter la décision du Conseil d'État, permettant ainsi que Vincent Lambert meure de faim et de soif.

Pourtant, par un coup d’éclat, la cour d’appel de Paris a ordonné le soir même au médecin de se conformer aux mesures provisoires ordonnées par la CDPH. Le gouvernement français a soudainement été en mesure d'introduire rapidement un recours devant la plus haute juridiction française en matière judiciaire : la Cour de cassation. Cependant, Vincent fut sauvé pendant un mois.

Après une audience le 24 juin, la Cour de cassation a rendu sa décision le 28 juin. Il a cassé la décision de la Cour d’appel de Paris sur la base légale de l’incompétence, mais n’a pas abordé la question de la force juridique des mesures provisoires demandée par un comité de l’ONU.

Il convient de noter qu’en général en France, les procédures judiciaires prennent des mois et des années. De toute évidence, lorsque le gouvernement cherche à euthanasier une personne handicapée, il dispose de ressources pour accélérer les procédures.

Il convient également de mentionner que la France autorise les médecins à retirer son tube d’hydratation alors que l’Europe est en train de connaître une vague de chaleur et que Vincent réside actuellement dans une chambre d’hôpital qui n’aurait apparemment pas de climatisation.

C'est effroyablement cruel et inhumain. Vincent Lambert est un père. Et c'est un fils. Un être humain décent peut-il en laisser un autre être traité de cette façon ?

L’ECLJ a suivi hier toutes les voies possibles aux Nations Unies à Genève (Suisse) pour contraindre la France à ne pas euthanasier Vincent.

En effet, le lundi 1er juillet, l’ECLJ a organisé une conférence lors de la 41e session du Conseil des droits de l’homme, à laquelle participaient la mère de Vincent, Viviane Lambert, ainsi que ses avocats et un médecin spécialisé dans les cas de personnes lourdement handicapées telles que Vincent Lambert.

Au cours de cette conférence, Viviane Lambert a prononcé un discours émouvant pour son fils :

Voilà, je voudrais vous parler, ben comme une maman, avec le cœur d’une maman. Je suis à ses côtés avec le papa, avec mon mari, au quotidien. Nous avons dû nous installer à Reims, quitter notre résidence principale pour nous installer à Reims pour rendre visite à notre fils. On voulait, bien sûr, ne pas le laisser seul, le stimuler, être près de lui, lui donner tout l’amour que nous avons encore à lui donner, parce que Vincent n’est pas en fin de vie, Vincent n’est pas un légume. Moi je n’ai jamais vu un légume qui tourne la tête quand on l’appelle. J’ai énormément de photos, de vidéos qui montrent tout le contraire de ce qui est raconté dans la presse.

Vincent, quand je lui demande de tourner la tête, il me regarde ; quand je lui demande s’il est content, je ne sais pas si c’est un réflexe ou pas, mais en attendant il cligne des yeux. Et ce qui m’a beaucoup traumatisée, je peux vous dire, la veille du jour où le médecin avait décidé d’arrêter son alimentation et une partie de son hydratation, écoutez le dimanche nous lui rendions visite et Vincent était très ému, je lui ai dit « mais qu’est ce que tu as Vincent ? » et il s’est mis à pleurer. Et ça je peux dire que c’est un signe pour moi que Vincent a bien une conscience. Et c’est un signe aussi que comme nous savions que ce médecin devait arrêter l’alimentation dans la semaine du 20 mai, j’avais demandé au personnel qu’on ne lui parle de rien. J’estimais que c’était nous parents qui devions le préparer puisque nous étions confrontés à cette situation. Et bien non ! Non, on lui en avait parlé ! Et Vincent quand il nous a vu le dimanche, la veille du jour où on devait arrêter l’alimentation, Vincent a pleuré. Et nous avons pleuré avec lui bien sûr. (pleure) Excusez-moi je suis ici un peu dans l’émotion, je ne suis pas habituée à ce genre de situation d’habitude je préfère écrire mais là je crie tout haut que Vincent, on veut l’assassiner. C’est le vrai mot.

Vincent je l’ai vu je lui ai donné parfois des cuillères de compote, des cuillères de crème, et Vincent déglutissait.

Pourquoi ? Pourquoi ne pas nous entendre ? Vincent est un être humain, il n’est pas un objet, on lui met la tête sous l’eau et je… c’est dramatique. Voilà. Si j’ai accepté de venir ici c’est pour espérer qu’au moins on puisse prendre sa défense ici. Puisque l’État, personne ne nous entend, personne ne veut nous écouter, nous avons des preuves, nous sommes les parents, nous connaissons notre fils et lui il est habitué à notre quotidien et il s’exprime, voilà. Il ne parle pas mais il s’exprime.

Grégor Puppinck a insisté sur le fait que, sur la base de la jurisprudence des comités de l’ONU, il est certain que la France sera condamnée par l’ONU si son gouvernement fait mourir M. Lambert. Il a rappelé que le droit à la vie et la dignité humaine sont reconnus comme « inhérents » à l'être humain dans la Déclaration universelle des droits de l'homme et le droit international, et qu'ils s'appliquent donc à quiconque simplement parce qu'il est une personne humaine sans distinction fondée sur la race ou le handicap.

Plus tard dans la journée du 1er juillet, l’ECLJ a donné à la mère de Vincent la possibilité de prendre la parole lors du débat général du Conseil des droits de l’homme pour dénoncer la violation par la France de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

Voici sa déclaration :

 

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